Promouvoir les meilleures pratiques des sociétés cotées

Informer

La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Activisme des actionnaires, activisme des créanciers : quelles parades ?
Depuis trois mois, la place parisienne est nerveuse, avec des alertes à l’activisme actionnarial de plus en plus fréquentes. Et si l’activisme nous arrivait aussi par les créanciers ?
On les a longtemps appelés les « fonds-vautours » : ceux qui achètent, à prix bas, la dette de sociétés en difficulté, un investissement jugé très risqué donc, et qui ensuite prennent le contrôle de la société en convertissant leurs actions en capital – ou en faisant pression sur le management. … Le mécanisme est simple : le fond achète de la dette à prix décoté, pour tenir compte du risque ; et il la convertit en actions au nominal, ce faisant devient un actionnaire important. Voire l’actionnaire de référence, comme ce fut le cas pour le pool de créanciers de Solocal par exemple. Bien entendu, cela ne fonctionne pas à chaque fois, et il faut beaucoup de savoir-faire et d’analyse en amont.
Ensuite, ces fonds qui ont fait leurs armes sur la dette élargissent leur terrain de chasse. Le hedge fund Eliott en est l’archétype : en France, il s’est fait connaître pour ces prises de position sur tous les dossiers cotés de « distressed debt » – Solocal, Vivarte, CGG, … Eliott est aujourd’hui à la maneuvre sur Pernod-Ricard, cette fois en equity et sans aucun contexte de surendettement ou d’entreprise en difficulté.
Alors, quelles parades ? On dit souvent que pour résister à l’activisme actionnarial, le meilleur rempart est un bon cours de bourse. Oui, mais si on a à la fois un bon cours de bourse et un taux d’endettement important ? C’est le cas de plusieurs sociétés françaises. Les taux d’intérêt remontent, et les trésoreries se tendent. Depuis le début de l’année, trois sociétés cotées – Sequana, CellNovo et Ad-Hux ont franchi le cap de la procédure de sauvegarde, ou, pour Sequana, du redressement judiciaire. C’est beaucoup.
Les sociétés, à l’annonce de leurs résultats 2018, ont essentiellement parlé croissance du chiffre d’affaire, marges opérationnelles, développement, innovation. Le sujet de la trésorerie n’a été que très peu abordé, malgré des taux d’endettement presque tous en hausse. La santé financière pourrait bien être le sujet des prochains roadshows.

Numéro en cours

Numéro précédents