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L'edito de Bénédicte Hautefort

« Roadshows ISR » : la figure imposée des Relations Investisseurs 2019
Cette semaine va être un temps fort des relations investisseurs : 11 entreprises du CAC40 publient leurs résultats annuels 2018, donnant le coup d’envoi des « roadshows » investisseurs, à Paris et surtout à l’étranger, Londres, Francfort, pays nordiques, US côte Est, côte Ouest, Moyen-Orient, Chine et Singapour pour certains. Il s’agit de présenter aux investisseurs les résultats financiers 2018 et les perspectives de cette année.
A ce circuit rituel s’ajoutent cette année les « roadshows ISR ». Ils s’appellent parfois aussi roadshows ESG, ou RSE. Partout dans le monde, l’extra-financier prend une part croissante dans la décision d’investissement – en France avec la future loi Pacte, mais pas seulement. Depuis quelques années déjà, des entreprises pionnières avaient amorcé le mouvement, avec des présentations investisseurs dédiées à la présentation des trois volets de leurs initiatives ISR : environnement, social, sociétal, la gouvernance étant le socle de l’ensemble.
Comme toujours, l’environnement réglementaire joue un rôle déclencheur : avec la DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière), l’information extra-financière devient une part obligatoire de la communication aux actionnaires. Mais l’impulsion réglementaire, à elle seule, n’aurait pas suffi. C’est un mouvement de fond, dans tous les pays, qui pousse dans la direction d’une appréhension globale de la performance de l’entreprise, qui ne la réduise pas à un bilan financier. Il est devenu nécessaire de présenter ces aspects, et d’aborder avec les investisseurs des questions qui dépassent le registre financier : quel volume de CO2 rejeté ? quelles mesures de prévention des accidents du travail ? quelle diversité au sein des équipes ? quelle formation aux chartes éthiques ? …
La question n’est plus de savoir pourquoi il faut parler d’extra-financier avec ses actionnaires ; la vraie question, c’est de savoir pourquoi il faut un roadshow distinct pour ces aspects, et si c’est souhaitable ?
Il faut aujourd’hui impérativement un roadshow distinct parce que ces questions extra-financières deviennent de plus en plus pointues, et mobilisent, chez l’investisseur comme chez l’entreprise, des personnes différentes de celles qui peuvent répondre aux questions sur la performance financière. Le danger de ces « roadshows ISR », c’est de devenir jargonneux. Les démarches RSE s’inscrivent pour l’instant encore dans des cadres normés aux acronymes abscons, réservés aux spécialistes: GRI3, ISO 26000, AA1000, EMAS, 17 engagements du Global Compact, ISAE 3000, …
Comme souvent, l’hyper-jargon est signe d’une phase de transition. Le microcosme de la RSE est en train de s’ouvrir, et de fusionner avec les différents cercles de communication de l’entreprise. Cette année, les « roadshows ISR » sont une figure imposée, ce qui est déjà un énorme pas ; bientôt, ils seront intégrés dans les roadshows traditionnels.

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