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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Financiers, lycéens, même combat : l’engagement pour le climat

 
L’Hebdo des AG est heureux de saluer aujourd’hui les lauréats du classement Climetrix 2018 – les meilleurs fonds européens notés en fonction de leur performance climatique. Nous sommes heureux et fiers bien sûr parce que 7 fonds français s’illustrent parmi les 10 premiers européens. Mais ce n’est pas seulement cela. Quand des milliers de lycéens défilent dans les rues de Paris pour le climat, le classement Climetrix devient la traduction économico-financière d’un événement sociétal.
BNP Paribas est primé avec deux fonds, Mirova (Natixis) aussi avec deux fonds, aux côtés de La Financière de l’Echiquier, OFI AM et la Banque Postale. Nous sommes heureux parce qu’à travers ces 7 fonds, c’est la diversité qui s’exprime et qui convainc qu’il existe mille façons d’arriver à un même objectif – une approche qui tranche avec la normalisation ambiante. Ces 7 fonds champions divergent en effet en termes de périmètre, de critère, de philosophie, d’historique, de taille, de niveau de risque et de rendement. La lutte des acteurs financiers pour l’environnement nous apprend, aussi, l’ouverture d’esprit sur les approches.
L’intérêt est aussi ce que l’approche actionnariale de ces 7 fonds a de commun : ils sont engagés, de A à Z, jusqu’à leur rôle d’actionnaire votant en assemblée générale. Tous votent chaque année toutes leurs lignes, ce qui n’est pas si fréquent pour un fonds d’investissement ; et plusieurs d’entre eux ont voté au cours des dernières années contre des sujets de gouvernance, sans hésiter à l’assumer publiquement. Climetrix est dans le même esprit. En créant ce système de notation en 2017, Paul Dickinson, homme d’affaires américain fondateur de l’ONG CDP (Carbon Disclosure Project), s’est allié à ISS, l’agence de recommandation de vote. La politique de vote des fonds évalués compte pour 5% dans leur score Climetrix final (5% certes ce n’est pas beaucoup, mais cela démontre une volonté d’utiliser aussi ce levier pour influer sur la politique environnementale des entreprises).
En face, quelle est pour l’instant la réponse des entreprises ? Elles changent vite – en témoigne les « roadshows ISR » qui se développent cette année. Mais elles partent de loin : par exemple, nous n’avons dénombré, en 2018, que 1% des entreprises du SBF120 qui avaient supprimé les documents papier remis en assemblée générale, au profit des seules clés USB ; en revanche, de nombreux « goodies » faisaient passer le message d’une volonté de préservation de l’environnement – des lampes à rechargement solaire notamment. Le thème du climat, quant à lui, n’a quasiment pas été abordé, ni dans les exposés ni dans les questions d’actionnaires.
Les « AG » sont traditionnellement des caisses de résonance de l’opinion publique. Avec les lycéens dans la rue, les financiers mobilisés, gageons que le climat sera un thème d’exposé incontournable ce printemps.

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