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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

En cet automne où les annonces d’introduction en bourse se multiplient, les private equity nous donnent une belle leçon de pragmatisme, sur la façon dont ils modèlent la gouvernance des sociétés qu’ils introduisent en bourse. Ils s’affranchissent en effet des cadres doctrinaires et du qu’en dira-t-on pour revenir à deux questions fondamentales : à quoi sert mon Conseil d’Administration ? de quels profils ai-je besoin autour de la table ?

Ils n’ont pas peur de focaliser l’attention sur l’équipe dirigeante, à laquelle ils octroient le plus de pouvoirs possibles – notamment en choisissant le plus souvent le statut de « PDG » pour le dirigeant. Jusqu’ici, pas d’ « administrateur référent » par exemple chez les sociétés mises en bourse par un private equity ; cela va probablement changer avec le nouveau Code Afep MEDEF.

Les fonds d’investissement ne craignent pas d’aller à contre-courant des doctrines développées pour les sociétés plus grandes, où les investisseurs institutionnels prônent la séparation des pouvoirs. Notre Expert cette semaine, Lofti Karaoui, docteur en sciences de gestion, théorise cette spécificité : dans les PME, comme celles qui sont introduites en bourse par exemple, le Conseil a quatre rôles distincts : surveillance, management du sommet stratégique, services et élaboration de la stratégie. Les private equity ont bien compris la différence avec les Conseils du CAC 40 et choisissent les administrateurs en conséquence.

Nous avons aussi interrogé Patrick Sayer, aujourd’hui membre du Conseil de Surveillance d’EURAZEO. Il explique la raison de cette gouvernance simple : quand c’est un fond qui est actionnaire, tout doit être efficace, jusqu’à la gouvernance.

Deuxième enseignement à retenir des private equity : l’ouverture à l’international. Lorsqu’ils introduisent une société en bourse, ils élargissent le Conseil en faisant entrer 1, ou 2 administrateurs nouveaux, indépendants et surtout internationaux, quelle que soit la taille de la société. Une belle leçon pour nos Conseils du SBF 120 et du CAC 40, qui peinent à s’internationaliser.

Pour finir, un décalage : alors que tout le SBF120 s’est concentré, depuis deux ans, sur le recrutement de femmes administratrices, les fonds n’ont pas eu d’état d’âme à introduire en bourse des sociétés qui étaient bien loin des 40% imposés par la loi Copé-Zimmermann. En d’autres termes, ils ont recherché d’abord des profils d’administrateurs, qui se sont révélés parfois des administratrices, dans cet ordre chronologique là et non l’inverse. Là aussi, une belle leçon de pragmatisme.

  B.H

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