L’AG Pernod-Ricard donne le ton : l’événement se ré-invente, mais les actionnaires sont toujours focalisés sur la rémunération du « patron »
Chaque année à la même période, l’AG de Pernod Ricard nous tient en haleine, parce qu’elle est la première du cru de l’année à venir. Alors, quoi de neuf ?
Le neuf, c’est une atmosphère beaucoup plus « casual ». Un dirigeant détendu, souriant, s’adressant à ses actionnaires assis depuis son siège, sans regarder ses notes : le discours magistral au pupitre n’est plus d’actualité. Alexandre Ricard, en la matière, a placé haut la barre pour ses pairs.
Le neuf, c’est aussi la sobriété. Quelques videos, mais pas de grands effets audiovisuels. Des slides informatifs, sans recherche graphique (pas assez de recherche graphique, peut-être ?). Un tournant, là aussi, par rapport au luxe de design déployé jusqu’ici pour les AG du CAC 40. Le « less is more » devient tendance, même dans l’organisation des AG ; les sociétés qui déploieront des luxes de décors et d’éclairage pourraient bien être mal perçues.
Le neuf, c’est le déroulé. On est passé très vite sur les faits marquants de l’année, pour se consacrer à ce qui intéresse la salle : l’avenir, les enjeux auxquels est confronté le Groupe, sa stratégie, le plan de transformation initié par le management. Alexandre Ricard a, dans son discours de PDG, radicalisé la tendance qui a émergé au cours des assemblées des deux dernières années : l’ « AG » est le moment privilégié de dialogue autour de la stratégie et du moyen terme, et non plus la répétition de nouvelles déjà connues.
Le neuf, c’est, sur le fond, le sujet de l’indépendance des administrateurs, qui est mis sur la table par les investisseurs au moment des votes – pas abordé en assemblée, ni par le management ni par les actionnaires présents. 70% de taux d’approbation seulement pour les trois administrateurs en renouvellement, c’est un désaccord sévère. Ce score est explicable certes, par les grilles de lecture des « proxy » ; il n’en est pas moins préoccupant, et signe que les investisseurs vont être plus attentifs, voire plus tatillons sur les sujets d’indépendance.
Et puis il y a ce qui n’est pas nouveau. La focalisation des débats sur la rémunération du dirigeant. 11 questions d’actionnaires ont porté sur le sujet, soit la moitié du temps de Q&A – pas forcément pour exprimer un désaccord, parfois même pour faire savoir leur soutien.
En 2019 encore, la rémunération des dirigeants sera le premier sujet de conversation en AG.
B.H