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L’édito de Bénédicte Hautefort

Résultats annuels : LVMH impose l’ESG

Comme chaque année, LVMH a ouvert le bal des résultats annuels. Le groupe met un point d’honneur à publier avant la fin janvier, une prouesse de premier de la classe. C’est que le géant du luxe est la plus grande capitalisation boursière du CAC 40. Avec 362 milliards d’euros, c’est plus de deux fois L’Oréal et près de trois fois Totalénergies.

LVMH campe le décor : cette année sera celle de l’extrafinancier.

Le groupe saute un grand pas, il était, en 2020, l’un des derniers du CAC 40 à ne communiquer aucun indicateur extrafinancier lors de ses résultats annuels. Pour marquer le changement, c’est Bernard Arnault lui-même qui expose les résultats de son groupe, ce n’est plus le directeur financier tout seul. Rien n’est laissé au hasard pour mettre en scène l’entrée dans cette nouvelle ère, le PDG porte un col roulé noir, ses supports sont des slides épurés et graphiques, aux tons beige clair. Oubliés, les messieurs en cravate devant d’austères tableaux de chiffres.

En ouverture, Bernard Arnault parle promotion des femmes, formation des jeunes, flexibilité des conditions de travail, générosité envers les plus démunis, et préservation du climat. Il illustre chaque sujet d’un chiffre, un plan d’action, des réalisations concrètes. Il termine en rappelant que la trajectoire carbone de LVMH est validée par le SBTi, cochant ainsi la case des grands investisseurs internationaux, comme Blackrock. Bien sûr, on s’étonne que le géant du luxe n’aborde pas le sujet du bien-être animal : le groupe est à ce sujet depuis plusieurs années la cible de l’association PETA ; et LVMH est mis sous pression par le voisin d’en face, KERING, a arrêté l’utilisation de la fourrure animale. Mais après tout, aucun investisseur, aucun analyste ne lui pose la question ce jour-là.

Le directeur financier ne prend la parole qu’ensuite, pour exposer les réussites financières du groupe qui bat une nouvelle fois ses records de croissance, de profitabilité, de cashflow. Dans l’euphorie, on pardonne presqu’à LVMH de ne donner, comme toujours, aucune prévision chiffrée – les fameuses guidances. On ne peut pas tout révolutionner en même temps. 

Les analystes, du coup, sont décalés : ils n’avaient préparé que des questions sur la répartition des ventes. Il va falloir que les responsables ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) se mobilisent, eux aussi, pour participer à ces présentations de résultats version 2022.

LVMH va-t-il faire école ? Il ringardise les présentations classiques, en tous cas. Le même jour, Jean-Marc Chéry présentait en audiocast les résultats de StMicroElectronics. Pas de visioconférence, uniquement des résultats financiers, la trajectoire carbone à peine mentionnée. On avait l’impression de repartir plusieurs années en arrière. D’un coup, LVMH a imposé de nouveaux standards.

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