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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Fondations actionnaires, actionnariat salarié : les entreprises concilient aujourd’hui générosité, rentabilité et … défense anti-OPA
Le 26 Avril dernier, à la Maison de la Mutualité, M. Emmanuel Faber, PDG de Danone, a frappé les esprits en réinventant l’actionnariat salarié. Avec le plan « Horizon 2030 », sous la bannière « une personne, une action, une voix », Danone organisera ses propres « états généraux de l’entreprise », dont les résultats seront présentés lors de l’assemblée générale 2019. C’est le volet manageurial de l’initiative. Côté économique, chaque salarié recevra avant l’AG une action Danone, qui lui donnera droit à un dividende, sur lequel la société abondera. Intéressant pour le salarié, et intéressant aussi pour l’entreprise, qui se construit ainsi une défense anti-OPA, ou anti-activiste, d’actualité pour beaucoup cette année. L’actionnariat salarié n’est pas nouveau mais c’est la première fois qu’un dirigeant français le place au cœur d’une stratégie de bouleversement des méthodes de travail, en conciliant des notions qui fonctionnent trop souvent en silos : générosité, rentabilité, défense anti-OPA. Un aspect est moins médiatisé pour l’instant : le dispositif bouscule profondément les équilibres traditionnels des organes de gouvernance – quelle sera la nouvelle marge de manœuvre du Conseil d’Administration après l’AG 2019, si la stratégie de l’entreprise est proposée par les salariés et votée par les actionnaires ?
L’équation des fondations actionnaires se pose dans les mêmes termes. Ailleurs en Europe, de très nombreuses entreprises cotées sont détenues par des fondations. Côté volet économique, les fondations perçoivent des dividendes qui remontent des sociétés qu’elles détiennent, et côté humaniste, elles consacrent ces ressources aux causes philanthropiques choisies par le fondateur. Bonus : quand elle est actionnaire d’une société cotée, la fondation devient une défense anti-OPA, car elle détient obligatoirement la minorité de blocage. Ce dispositif est pour l’instant impossible en France, où les fondations d’entreprise, au nom du « régime de spécialité », ne peuvent percevoir de dividendes de sociétés. La loi PACTE pourrait changer la donne. La moitié des entreprises du CAC 40, le quart des entreprises du SBF120 ont déjà créé une fondation d’entreprise ; en feront-ils une fondation actionnaire ? La réponse est aux mains du législateur, puis, et surtout, aux mains des fondateurs de ces grandes entreprises, qui en sont souvent encore les familles dirigeantes. Il leur appartiendra de choisir, ou pas, ce schema de transmission.
Deux idées, deux nouveaux schema qui font l’actualité de ce printemps 2018. Ils ont en commun d’être séduisants parce qu’ils allient des notions que tout le monde aspire aujourd’hui à concilier; mais il reste à expliciter « la gouvernance d’après », une fois les « vieux équilibres » renversés.

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