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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

A trop parler d’extrafinancier, on en oubliait les comptes

Atos, le 12 mai, nous a rappelé les fondamentaux : les assemblées générales annuelles sont là pour approuver les comptes. Le champion du numérique a fait l’actualité en annonçant le rejet de ses comptes consolidés. Pourtant, ses comptes ont bien été certifiés, et le dividende, dans la foulée, versé. Reste une « réserve des commissaires aux comptes », pas très bien expliquée par Deloitte lors de son exposé. Peut-être parce que c’était son dernier mandat. Les auditeurs avaient besoin de temps, et donc de budget, pour des travaux supplémentaires concernant le traitement de la norme IFRS 15 lors de la consolidation de deux filiales américaines. On peut se demander pourquoi ce travail supplémentaire n’a pu être fait dans les temps ; ou même pourquoi il n’a pu être fait depuis le 1er avril, date à laquelle Atos a fait état de cette réserve ; ou même pourquoi les relations entre Atos et Deloitte se sont tendues à ce point.
Mais en aucun cas on ne peut comparer ce cas à celui de Wirecard, comme l’ont fait certains. Pour Wirecard les auditeurs d’EY avaient refusé tout net de certifier les comptes. Rien de tel chez Atos. La presse s’est pourtant enflammée et a fait l’amalgame entre “réserve” et “refus de certifier”, qualifié cette assemblée d’explosive, invoqué pour expliquer ce revers « des erreurs comptables relevées par les commissaires aux comptes », prédit la catastrophe, la démission du directeur général peut-être. C’était aller un peu vite. Les actionnaires et les agences de conseil en vote ont gardé la tête froide et ne l’ont pas entendu ainsi : ils ont certes voté contre les comptes consolidés, mais pour toutes les autres résolutions avec des scores particulièrement élevés. La plus basse a obtenu 81%. Un autre signe qui ne trompe pas : le titre n’a reculé que de 4%. Les mêmes investisseurs ont simultanément voté contre les comptes consolidés et continué à investir dans l’entreprise. C’est cela qui est vraiment nouveau. Le vote négatif est devenu synonyme de “revenez vers nous avec une meilleure proposition”, non de rupture définitive.

Faudra-t-il s’habituer à voir des réserves sur les comptes, comme on voit des faibles scores sur les rémunérations ? Cette semaine encore, quatre dirigeants ont vu leur bonus 2020 voté à moins de 80% – EdenredEuronextCGG, et Nexans. Des scores qui paraissaient impensables il y a encore deux ans, et qui maintenant sont fréquents. Les actionnaires n’hésitent plus à dire non, sans pour autant en faire un drame, et surtout sans vendre leurs titres. Avant, pour signifier leur désaccord, ils votaient oui, ou s’abstenaient ce qui revenait au même, et puis vendaient. Maintenant, leur fonctionnement est plus transparent, et permet aux entreprises d’entendre leur message, rectifier le tir, et repartir sur de bonnes bases. La plupart des sociétés qui ont enregistré de faibles majorités en 2020, quel que soit le sujet, ont cette année de très bons scores, sur des propositions amendées.

La saison n’est pas finie : 32 assemblées sont à notre agenda cette semaine, dont 15 sur la seule journée du jeudi 20 mai.

Bonne semaine !

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