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La veille de l'HebdodesAG

La seule veille qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous de 700 sociétés cotées en France et à l'étranger : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

L'invité(e) est :

L’invité de l’Hebdo : Jacques Attali

La « gouvernance positive » est un modèle patient, responsable de l’avenir des générations futures

 

Vous évoquez trois utopies de société : technologique, populiste, empatique; à l’heure où les entreprises elles-mêmes remettent à plat leurs modèles de gouvernance, pensez-vous que cette typologie soit transposable dans le monde de l’entreprise ?

Oui tout à fait. Plutôt que « gouvernance empatique », j’utiliserais le mot de « gouvernance positive ». C’est une gouvernance empatique à l’égard des générations suivantes. Pour cela, c’est une gouvernance qui intègre non seulement les actionnaires et les dirigeants, mais aussi les clients, les fournisseurs et plus largement les partenaires de l’entreprise. Il s’agit de penser aux générations futures, et non pas l’instant présent ou au futur immédiat.

La clé de la prise de conscience est pour vous dans l’horizon temporel, qui doit se déplacer vers le long terme.

La « gouvernance positive » est un modèle patient, responsable de l’avenir des générations futures. La tyrannie du court terme ne conduira qu’à la dictature à long terme. Aujourd’hui, c’est l’inverse, la priorité du court terme est partout : les entreprises vivent sous la tyrannie du cours de Bourse. Une « gouvernance positive », c’est une gouvernance qui fait évoluer l’entreprise dans le même esprit que celui de parents qui pensent en permanence au bien-être de leurs enfants, plus qu’à eux-mêmes. L’altruisme doit s’opposer à l’égoïsme.

Un exemple : une entreprise qui fabrique des produits sucrés aura tendance à continuer à commercialiser ces mêmes produits, sans diminuer le taux de sucre, sans diversifier ses produits, sans consacrer du temps et de l’argent à innover pour cela – pour maximiser son profit immédiat et son cours de Bourse, alors que l’obésité est l’une des principales menaces pour les générations futures et qu’il est urgent de réduire le taux de sucre. Une gouvernance positive, ce serait de faire passer la santé de nos enfants, des enfants des salariés et des actionnaires de l’entreprise, avant le profit à court terme.

Un autre exemple : dans les arbitrages de dépenses, quelle personne choisira de dépenser davantage pour des produits plus respectueux de l’environnement ou créateurs d’emplois locaux, si cela ne change rien, voire même si cela pénalise son bien-être immédiat ? Surtout pour les revenus les moins élevés ? Le changement passe par des mesures structurelles, pour que chacun soit incité, même financièrement, à adopter un comportement altruiste à l’égard des générations futures.

Vous évoquez trois utopies de société : technologique, populiste, empatique; à l’heure où les entreprises elles-mêmes remettent à plat leurs modèles de gouvernance, pensez-vous que cette typologie soit transposable dans le monde de l’entreprise ?

Oui tout à fait. Plutôt que « gouvernance empatique », j’utiliserais le mot de « gouvernance positive ». C’est une gouvernance empatique à l’égard des générations suivantes. Pour cela, c’est une gouvernance qui intègre non seulement les actionnaires et les dirigeants, mais aussi les clients, les fournisseurs et plus largement les partenaires de l’entreprise. Il s’agit de penser aux générations futures, et non pas l’instant présent ou au futur immédiat.

La clé de la prise de conscience est pour vous dans l’horizon temporel, qui doit se déplacer vers le long terme.

La « gouvernance positive » est un modèle patient, responsable de l’avenir des générations futures. La tyrannie du court terme ne conduira qu’à la dictature à long terme. Aujourd’hui, c’est l’inverse, la priorité du court terme est partout : les entreprises vivent sous la tyrannie du cours de Bourse. Une « gouvernance positive », c’est une gouvernance qui fait évoluer l’entreprise dans le même esprit que celui de parents qui pensent en permanence au bien-être de leurs enfants, plus qu’à eux-mêmes. L’altruisme doit s’opposer à l’égoïsme.

Un exemple : une entreprise qui fabrique des produits sucrés aura tendance à continuer à commercialiser ces mêmes produits, sans diminuer le taux de sucre, sans diversifier ses produits, sans consacrer du temps et de l’argent à innover pour cela – pour maximiser son profit immédiat et son cours de Bourse, alors que l’obésité est l’une des principales menaces pour les générations futures et qu’il est urgent de réduire le taux de sucre. Une gouvernance positive, ce serait de faire passer la santé de nos enfants, des enfants des salariés et des actionnaires de l’entreprise, avant le profit à court terme.

Un autre exemple : dans les arbitrages de dépenses, quelle personne choisira de dépenser davantage pour des produits plus respectueux de l’environnement ou créateurs d’emplois locaux, si cela ne change rien, voire même si cela pénalise son bien-être immédiat ? Surtout pour les revenus les moins élevés ? Le changement passe par des mesures structurelles, pour que chacun soit incité, même financièrement, à adopter un comportement altruiste à l’égard des générations futures.

Jacques Attali est né le 1er novembre 1943. Polytechnicien, énarque et ancien conseiller spécial du Président de la République François Mitterrand pendant dix ans, il est le fondateur de quatre institutions internationales : Action contre la faim, Eureka, BERD et Positive Planet.

Cette dernière est la plus importante institution mondiale de soutien à la microfinance et a apporté son appui à plus de 10 millions de micro-entrepreneurs. Jacques Attali a rédigé plus de 1 000 éditoriaux dans le magazine de l’Express  et est l’auteur de 67 livres vendus à 7 millions d’exemplaires et traduits en 22 langues.

Il a également dirigé plusieurs orchestres à travers le monde (Paris, Grenoble, Londres, Jérusalem, Shanghai, Astana et Montréal).

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