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L’édito de Bénédicte Hautefort

Climat : le sujet qui divise

Le sujet Climat, aujourd’hui, divise. Alors que tous les publics étaient d’accord, il y a encore quelques semaines, pour faire de la protection de la planète une priorité absolue, la crise sanitaire change la donne, et chaque jour apporte une actualité qui bouscule les équilibres.

Au début de la crise, plusieurs voix se sont élevées pour faire le lien entre la déforestation, l’exploitation agricole intensive, et le virus attrapé par le pangolin contraint d’aller chercher sa nourriture ailleurs. Mais ces propos étaient peu documentés, et ont desservi la cause. Le lien entre changement climatique et Covid-19 ne s’est pas fait, et l’urgence est devenue de trouver des places en réa, des respirateurs, des masques, du gel hydroalcoolique, et le plus vite possible un vaccin. Le Climat est, pour quelques semaines, passé en seconde priorité. Symboliquement, la conférence des Nations unies sur les changements climatiques COP 26 qui devait se tenir à Glasgow en novembre a été reportée.

Puis la Commission européenne a rappelé qu’il ne fallait pas opposer urgence climatique et crise sanitaire, long terme et court terme: Bruxelles maintient ses ambitions de transition écologique et elle a lancé début avril une consultation publique destinée à revoir à la hausse l’objectif climatique de l’Union européenne pour 2030. Le fameux Green Deal européen.

Nouveau coup de théâtre la semaine dernière : les députés français ont choisi de ne poser de condition « stratégie climat » dans l’aide financière aux entreprises dans le cadre du plan COVID-19, au grand damn des défenseurs de notre planète.

C’est dans ce contexte flou qu’un collectif de onze investisseurs vient de déposer un projet de résolution « Climat » à l’assemblée de Total. Le texte n’est pas révolutionnaire : il s’agit simplement de graver dans les statuts le fait que la société doit rendre publique sa stratégie Climat (ce qu’elle fait déjà un peu, mais pas assez sans doute). Les auteurs ne sont pas non plus de dangereux activistes : parmi les 11 signataires, La Banque Postale (filiale de la Caisse des Dépôts, donc de l’Etat), le Crédit Mutuel, Meeschaert, Sycomore et le Groupe Edmond de Rothschild. Ils n’ont pas voulu, dans leurs rangs, intégrer une ONG, comme l’ont fait, dans d’autres pays, d’autres investisseurs : c’est qu’ils veulent que leur démarche soit strictement factuelle, purement financière, pas idéologique. Ils n’opposent pas, non plus, urgence climatique et urgence sanitaire, ils ne parlent pas de lien entre la déforestation et l’alimentation du pangolin. Ils pointent simplement du doigt la nécessité économique d’avoir une stratégie Climat, et d’en parler aux actionnaires.

Total, en France, fait souvent figure de modèle et d’exemplarité. Le géant pétrolier donne le ton. Depuis le début de la crise sanitaire, il s’est voulu exemplaire – transport des soignants, non-recours aux aides de l’Etat, refus du chômage partiel. La façon dont notre champion va répondre à ses investisseurs est, pour cette raison, très attendue.

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