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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Assemblées générales 2020 : exemplarité, assiduité, conformité – et la performance ?

Cette année comme tous les ans à la même date, l’Hebdo des AG a invité les « proxy » – ISS, Glass Lewis, l’AFG et Proxinvest – à prendre position sur les sujets de l’année.

Conformité. Le fardeau de nouvelles obligations légales et réglementaires va être lourd : pas moins de 9 nouveautés cette année, dont beaucoup arrivent très tard dans la saison : changement de mode de décompte des voix abstentionistes, mais nouveaux formulaires de vote encore à publier, normalement dans quelques jours, révision du Code Afep MEDEF à paraître cette semaine. Les directions juridiques auront, ce printemps encore, la tête dans la « compliance ».

Assiduité. Les investisseurs, eux, mettent la pression. Ils exigent que les sociétés accèdent à leurs demandes : des administrateurs assidus (cette année pour la première fois, les taux d’assiduité individuelle vont être rendus publics), des dirigeants dont la rémunération est mise en perspective avec celle de leurs salariés (première année également de la publication du ratio d’équité), des opérations financières sans décote, même si la loi le permet. Et, comme chaque année, davantage de transparence, sur tous les aspects du dialogue actionnarial.

Exemplarité. Ces exigences ne sont pas nouvelles. Certaines entreprises y ont déjà répondu, les années passées. Mais d’autres, non. Ce qui est nouveau, c’est que pour ces sociétés qui ne les écoutent pas assez, les investisseurs reparlent de « vote-sanction » – ils n’aiment pas du tout le mot, mais c’est bien de cela qu’il s’agit : ils recommanderont de voter contre les présidents de comités de rémunération qui n’auront montré aucune réaction sur un vote inférieur à 80%. Sur ce sujet, Glass Lewis, ISS et Proxinvest font front commun. Ils dégainent à nouveau, cette année, l’arme qu’ils avaient utilisée en 2015 pour obliger les entreprises à désactiver explicitement, dans leurs statuts, les dispositifs anti-OPA et les droits de vote double autorisés par la loi Florange. Ils avaient réussi – car pour les entreprises, c’était cela, ou alors pas de financements. 36 sociétés cotées à Paris sont concernées ; vont-elles accéder aux demandes de leurs investisseurs – qu’elles avaient peut-être de bonnes raisons de ne pas accepter – , ou prendre le risque d’un mauvais score de renouvellement de leur dirigeant ?

Et la performance ? en ce début 2020 où les marchés, unanimement, annoncent un repli des cours de bourse, personne à notre table ronde n’a parlé de performance. Le « Pay for Performance » serait-il passé de mode ? est-il devenu tabou d’affirmer que l’entreprise est là (aussi) pour faire gagner de l’argent aux actionnaires ? Même eux n’abordent plus le sujet. Heureusement que l’actualité est là pour le rappeler : la France reste l’une des premières destinations des investisseurs. Alors, oui il faut être exemplaire, oui il faut intégrer une montagne de nouvelle « compliance » ; mais tout cela n’a de sens que parce que nos belles entreprises sont performantes. Ne pas oublier d’en parler !

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