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L’édito de Bénédicte Hautefort

Provisions, plans sociaux, limitation du dialogue actionnarial, et pas encore d’information sur le bonus des dirigeants : les résultats 2022 des grandes banques américaines

13 janvier, la séquence des résultats annuels a déjà commencé.

Scalens vous a rendu compte vendredi des annonces de Blackrock, Wells Fargo, JP Morgan Chase, Citigroup, Bank of America.

En bonnes premières de la classe, les banques américaines donnent souvent l’orientation de toute la finance mondiale. Par exemple, elles ont fortement augmenté au quatrième trimestre les provisions pour créances douteuses, mouvement auquel les économistes de tous pays s’attendent.

Mais elles adoptent aussi cette année des postures difficilement transposables en Europe : réduction des interactions avec les actionnaires, au nom de l’efficacité ; licenciements massifs, au nom du principe de précaution ; et pour la première fois, pas encore d’information sur les bonus des dirigeants concernés, alors qu’ils sont bien dans les comptes.

Les provisions pour défauts de crédit sont à leur plus haut historique, traduction comptable du fait que les difficultés sont devant nous. 2023 cumule la fin des aides gouvernementales, les incertitudes géopolitiques, la remontée des taux. JPMorgan Chase a augmenté ses réserves de 1,4 milliard de dollars, Citigroup de 640 millions, Wells Fargo 957 millions. On peut s’attendre à ce que les banques européennes emboîtent le pas. Les réserves constituées les années précédentes permettront d’absorber la perte, si elle se concrétise.

Viennent les différences culturelles. Les banques américaines ont conservé, pour cette année, le format de communication unilatéral conçu pour la crise sanitaire : un communiqué financier très détaillé mis en ligne avant bourse, une présentation en slides plus pédagogique, et une courte interview video du dirigeant, parfois aussi du directeur financier. Plus aucune interaction en direct avec les investisseurs. La réunion physique a disparu, et même le rituel « analyst call » où on pouvait poser des questions. Les sociétés européennes, pour l’instant, n’adhèrent pas : tous les espaces de réunions habituels sont déjà réservés pour les présentations de résultats de février et mars. Le dialogue actionnarial a encore de l’avenir de ce côté de l’Atlantique.

Toujours au nom de l’efficacité, les grandes institutions américaines agissent vite. Après la vague de licenciements annoncés par les « Gafa », vient le tour des institutions financières. Blackrock licencie 500 personnes, Goldman Sachs, qui n’a pas encore annoncé ses résultats, annonce la suppression de 3.200 postes, soit près de 8% des effectifs. Morgan Stanley se sépare d’environ 2% de ses employés, soit quelque 1.600 personnes. Wells Fargo annonce un plan de réduction de coûts de plusieurs milliards de dollars, sans avoir encore chiffré l’impact social. Sur la forme, les salariés ont reçu un email, en même temps que les vœux de bonne année. Les entreprises européennes mettent davantage les formes ; mais il est vrai aussi qu’elles ré-embauchent moins vite que leurs consoeurs américaines, quand l’économie redémarre. L’efficacité peut jouer dans les deux sens.

Il reste maintenant à ces grandes américaines une chose à annoncer : le salaire de ces dirigeants. Il est bien dans les comptes, mais il n’est pas détaillé, à la différence des années précédentes. Faut-il s’attendre à des surprises ? En 2022, Morgan Stanley et Goldman Sachs ont octroyé chacun 35 millions à leur dirigeant, JP Morgan 34,5 millions, Bank of America 32 millions de dollars. Soit 8 fois plus en moyenne que pour un dirigeant de banque en Europe. Des décisions toujours largement votées par les actionnaires.

Les banques européennes sont très attendues. Les premières prendront la parole dans trois semaines.

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