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La seule qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous des sociétés cotées : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

La veille de l'HebdodesAG

La seule veille qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous de 700 sociétés cotées en France et à l'étranger : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

L'invité(e) est :

L’invité de l’Hebdo : Hubert Tassin, administrateur du PMU


Biographie invité

Hubert Tassin, 62 ans est un journaliste et analyste financier depuis 35 ans, débutant au Journal des Finances à partir de 1982 où il restera vingt ans, dont cinq ans d’interruption comme analyste financier dans la société de Bourse du groupe Cerus. Il a aussi été rédacteur en chef de la revue de la SFAF de 1996 à 2001. Après avoir été directeur des rédactions d’Investir de 2003 à 2010, il rejoint Business FM comme directeur général pour ensuite diriger la société Sherpa SAS depuis 2012.

Membre du comité et administrateur de France Galop depuis sa création en 1995, Hubert Tassin a été membre du « pré conseil » du PMU de 2004 à 2008, puis administrateur du PMU de 2008 à 2012 et, à nouveau, depuis 2016.

 

Biographie PMU

Avec un chiffre d’affaires estimé en 2017 de 9,9 milliards d’euros ,le PMU est le premier opérateur de paris en Europe et la troisième entreprise de pari mutuel au monde, derrière l’Australie et Hong-Kong. IL est est un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) dont la mission est de financer la filière hippique française.
Ce GIE est constitué de soixante sociétés de courses, dont deux sociétés mères –France Galop et la société Le Trot- qui réglementent et dotent les courses.

Le PMU commercialise des paris sur les courses de chevaux. Depuis 2010, il propose sur son site PMU.fr des paris sportifs ainsi qu’une offre de poker.

L’intégralité de son résultat net, 796 millions d’euros en 2016, est reversée aux sociétés de courses membres du GIE, dont 80% pour le financement de la filière hippique française. Elles financent notamment l’entretien et la modernisation des 242 hippodromes et des centres d’entraînement ou d’élevage, la dotation des prix et l’organisation des courses dont plus de 16 700 sont supports de paris PMU. Les emplois générés par les filières équestres sont estimés à 150.000 dont 75.000 pour la filière hippique.

Le Conseil d’administration compte dix membres : le Président Directeur Général et le Directeur Général Délégué, 4 venant de l’Etat et 4 des sociétés mères.

 

« Au PMU, l’Assemblée Générale et le Conseil d’administration fonctionnent suivant les mêmes règles qu’une société cotée »

L’actualité du PMU est le départ du PDG, Xavier Hürstel, présenté comme non sollicité. Etonnamment, alors que les Conseils d’administration habituellement communiquent sur l’événement majeur que constitue l’arrivée ou le départ d’un dirigeant, seul le PDG lui-même s’est exprimé, par un courriel interne destiné bien évidemment à être diffusé en externe. Pourquoi le Conseil d’Administration ne s’est-il pas exprimé, au nom de la société ? 

Deux choses : il y a eu communication de la part de plusieurs administrateurs qui se sont exprimés, dans la presse spécialisée puisque le PMU concerne les acteurs qui vivent de ses revenus, soit 800 millions d’euros environ.

Ensuite, le Président a fait part de sa décision d’abord aux actionnaires et seulement ensuite à l’ensemble du personnel du PMU. Ce qui est normal. Le Conseil se réunira dans une quinzaine de jours et communiquera collectivement à ce moment-là.

Lorsque les Conseils s’expriment sur le départ d’un dirigeant, c’est généralement qu’ils ont déjà choisi son remplaçant. En l’occurrence, le départ de Xavier Hürstel était de son fait. La procédure de recrutement ne se lance que maintenant.

Dans son message de départ, Xavier Hürstel a présenté un PMU « à la croisée des chemins », avec de forts enjeux de diversification vers d’autres sources de revenus que les courses de chevaux. En quoi la forme de gouvernance influe-t-elle sur la capacité d’innovation ? 

Le PMU (Pari Mutuel Urbain) est un GIE qui exploite des monopoles concédés par l’Etat depuis la loi de 1891 à des sociétés de courses – Le Trot, France Galop, et les sociétés de courses régionales – qui organisent des courses de chevaux qui sont supports du pari mutuel urbain.

La raison d’être du PMU est de faire vivre une filière : c’est une société au service d’une filière économique de 150 000 emplois en France et participant à l’aménagement du territoire. Pour mémoire, un hippodrome sur deux en Europe est en France.

La diversification n’est pas un objectif en soi. Le PMU s’est diversifié avec la loi de 2010 sur les paris en ligne, et l’entrée du PMU dans un monde concurrentiel. D’une part, le PMU s’est élargi aux paris en ligne sur les courses de chevaux, en concurrence avec d’autres acteurs à qui ont été données des licences ; d’autre part, le PMU s’est ouvert aux paris sportifs et le poker.

Il serait difficile d’aller plus loin car le PMU reste un GIE encadré par la loi de 1891 et les décrets successifs. Cette diversification peut aussi susciter des questionnements au sein de l’institution des courses qui se veut organisatrice de jeux « intelligents » et non de jeux de hasard.
Par ailleurs, le PMU s’est développé depuis quinze ans à l’international, qui représente aujourd’hui 11,5 % de son chiffre d’affaires.

 

Le PMU est un GIE dont le Conseil comprend à parts égales des représentants de l’Etat et des administrateurs issus des sociétés organisatrices des courses de chevaux en France. Il est confronté à un monde concurrentiel où les acteurs ont une gouvernance différente, souvent des sociétés cotées : La Française des Jeux indirectement, le Groupe Partouche, le Groupe Barrière, … Qu’est-ce qui est comparable, qu’est-ce qui est différent dans la gouvernance du PMU ?

Le GIE PMU émane d’une institution des courses associative, coopérative et mutuelle. La démarche est donc différente de celles de sociétés purement capitalistiques, tels les opérateurs de casino ou les opérateurs de jeux en ligne. En revanche, nos objectifs sont proches de ceux de la Française des Jeux, société publique qui distribue la totalité de ses bénéfices à ses actionnaires –l’Etat, les associations d’anciens combattants et quelques privés tel IDSud, coté en Bourse.
Nous estimons que la concurrence a été créée par une loi de 2010 mal faite et écrite dans la précipitation. Le PMU a perdu le monopole sur les courses de chevaux en ligne alors que la Française des Jeux a conservé le sien sur les jeux de hasard en ligne et s’est vu conféré par accord tacite avec le secrétariat d’Etat au Budget, une de nos administrations de tutelle, le monopole de distribution des jeux sportifs dans son réseau. D’où une perte estimée à 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires pour le PMU entre 2010 et 2015, que nous avons compensée partiellement par la croissance à l’international et par Internet.
La Française des Jeux comme le PMU sont de grands investisseurs dans le e-sport mais nous n’y organisons pas de jeux puisque c’est l’Etat qui doit donner son autorisation. Le gouvernement actuel a annoncé sa volonté de bouleverser l’univers des jeux dans les six mois à deux ans qui viennent.
Nous sommes par ailleurs très innovants tout en sachant que notre clientèle de base, âgée de 40 ans en moyenne, dépense beaucoup. La clientèle de conquête, celle du poker et des jeux en ligne, est nettement plus jeune et moins argentée. Nous devons trouver l’équilibre dans la stratégie entre le court terme –trouver des pratiquants de jeux intelligents, comme le football- et le long terme –engranger et conserver cette nouvelle clientèle jusqu’à ce qu’elle parvienne à un pouvoir d’achat plus élevé.

 

Pour vous accompagner dans la diversification, avez-vous coopté des administrateurs hors du monde des courses ou de l’Etat, notamment des étrangers ?

Impossible légalement. Le PMU est une affaire particulière dont les revenus proviennent de l’exploitation d’un monopole.

 

Des femmes ont-elles été administratrices du PMU ?

Le Conseil comporte aujourd’hui Madame Mantel, numéro deux du ministère du Budget. Dans les sociétés de courses, l’univers est encore relativement masculin malgré la montée en nombre des femmes, majoritaires dans les cours hippiques ou dans les écuries. France Galop et la société le Trop comptent deux administratrices mais ces deux sociétés de courses comme le PMU ne fonctionnent pas sous le système des quotas Copé-Zimmerman.

 

Quels sont les rôles de l’assemblée générale et du Conseil au PMU ?

Les mêmes que ceux des sociétés cotées. L’assemblée générale, classiquement, élit les administrateurs, approuve les comptes et discute du budget. Elle regroupe soixante sociétés de course et deux sociétés mères. Le Conseil définit la stratégie et en contrôle l’exécution.

L’Hebdo des AG publie cette semaine son enquête sur l’évolution depuis 10 ans de la gouvernance des sociétés cotées en France. Deux changements principaux : la part croissante des femmes, et des “administrateurs référents”, contrepoids au pouvoir des PDG. Comment se situe le PMU par rapport à ces deux tendances ?


A la différence des sociétés cotées, nous n’avons pas d’administrateurs indépendants, donc pas d’administrateurs référents. Autre singularité du PMU, ses administrateurs issus des sociétés de course ou des ministères du Budget et de l’Agriculture et proposés à l’assemblée sont élus à titre personnel. Autre différence enfin, cette fois d’ordre technique, le fait que les administrateurs proposés à l’élection générale sont tenus d’être présents, ce qui, curieusement, n’est pas le cas pour une société cotée. Ainsi, au printemps, un administrateur proposé par un ministère n’a pas été élu car il n’était pas présent physiquement à l’assemblée. L’Hebdo des AG je suppose est vigilant sur ce point.

Quelles évolutions de gouvernance anticipez-vous ?

Je pense cependant que la répartition des administrateurs à parité entre sociétés de courses et Etat évoluera. Un des enjeux est de refléter, par la diversité des profils au sein du Conseil, d’assurer un traitement équitable avec notre concurrent La Française des Jeux. Aujourd’hui, nous avons des administrateurs communs issus du secrétariat d’Etat du Budget. La Française des Jeux qui rapporte plus directement au Budget de l’Etat s’en trouve logiquement trouvée favorisée.

Question plus personnelle : vous avez mené une longue carrière dans les médias économiques. Or, les administrateurs journalistes sont très rares en France. Pourquoi et quelle compétence spécifique votre profil apporte-t-il à un Conseil comme celui du PMU ?

C’est une question amusante. Dans le journalisme politique existe une totale porosité entre journalistes et élus. Il est considéré normal qu’un journaliste entre dans la politique et, aujourd’hui, qu’un homme politique fasse du journalisme. Ils vivent ensemble ce qui n’a jamais été le cas entre les journalistes et les dirigeants économiques. La raison est financière. Quand politiques et journalistes politiques disposent à peu près des mêmes revenus, les écarts sont très élevés et les styles de vie trop différents entre journalistes et dirigeants, d’où la création d’une rupture.
Cela dit, il est étonnant que si peu de journalistes, mais aussi d’analystes financiers, deviennent administrateurs. Le système capitalistique français est, on le sait, refermé sur lui-même malgré l’ouverture aux femmes et aux administrateurs indépendants, tel des professeurs de médecine. Or, les journalistes sont des professionnels du doute, de l’enquête et de la vérification des faits et des sources. Mettre en doute fait progresser les débats dans un Conseil.

 

Propos recueillis par Marie Lafourcade

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