L’édito de Bénédicte Hautefort

Premiers résultats semestriels 2023 : croissance, efficacité opérationnelle, priorité maintenant au cash

Le coup d’envoi de la saison des résultats semestriels est donné. 32 sociétés parmi les 13 pays suivis par Scalens (Europe, Suisse, UK, US) ont à présent publié leurs résultats semestriels. Il s’agit principalement des britanniques, et plutôt du secteur des services. L’échantillon est très faible par rapport aux 1200 sociétés couvertes, mais donne un premier aperçu.

Alors que partout dans le monde les économistes s’alarment sur la hausse des taux et la chute du pouvoir d’achat, ces entreprises cotées qui prennent la parole assez tôt n’annoncent que de bonnes nouvelles.

Les ventes de ce premier échantillon sont en croissance de 20%, en valeur, vs 16% au premier semestre 2022, qui était déjà une année record. Les Britanniques sont à plus de 30%, les Françaises sont dans la moyenne, les pays nordiques sont en-dessous de 10%. Un classement qui reflète celui des niveaux d’inflation.

Les marges sont en hausse de 31%, vs 23% l’année dernière. Les entreprises ont fait plus que répercuter les hausses de prix à leurs clients.

L’efficacité opérationnelle s’est surtout faite cette année par la suppression d’emplois, avec des plans sociaux massifs au premier trimestre, dans tous les secteurs. Une grande différence avec 2022, où la réduction des coûts s’était faite sans réduction d’effectifs. La cohésion du corps social, considéré depuis la crise sanitaire de 2020 comme un nouveau levier de réussite, n’est plus si célébré. Pour autant, le marché de l’emploi en général est plutôt au beau fixe, avec un taux de chômage au plus bas dans la majorité des pays suivis par Scalens, notamment les Etats-Unis.

Les sociétés américaines, les plus concernées par ces plans sociaux, n’ont pas encore publié leurs résultats – seule l’entreprise d’engins agricoles John Deere s’est exprimée, pour annoncer un excellent semestre.

Parmi les difficultés rencontrées, l’inflation et l’instabilité des taux de change viennent en premier, et l’incertitude sur la Chine demeure. Les sociétés ne parlent plus des problèmes de 2022, la sécurisation de l’approvisionnement en énergie, la supply chain ou les incertitudes géopolitiques sur l’Ukraine ; elles se sont organisées pour une guerre longue.

L’EPS est l’indicateur de résultat net qui figure désormais en tête des communiqués de presse, plutôt que le résultat net global, indicateur des années précédentes. Les rachats d’actions sont passés par là.

Les cashflows sont en baisse, près de trois fois inférieurs à leur niveau de 2022, qui lui-même était en réduction d’un tiers par rapport à 2021. Les deux utilisations principales au premier semestre ont été l’augmentation des dividendes et des rachats d’actions. En 2022, c’était la croissance externe. Mais les M&A ont été peu nombreuses depuis janvier 2023.

Signe des temps, deux-tiers des entreprises font un point d’étape sur leurs engagements environnementaux, figure imposée désormais. La réduction des émissions CO2 s’accélère, les équipes se féminisent.

Les perspectives 2023 sont revues à la hausse, pour plus d’un tiers de ces entreprises. 70% donnent des guidances chiffrées, une proportion comparable à 2022 (64%), très supérieure à 2021 (45%). La priorité du deuxième semestre est clairement de restaurer un bon niveau de cashflow, en poursuivant la croissance de la topline. Les objectifs de réduction de CO2, En 2022 à la même date, les entreprises étaient plus offensives : la priorité était la croissance, avec un bon niveau de marge. Les entreprises confrontées à l’inflation ont besoin de se refaire des coussins de liquidités.

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