L’édito de Bénédicte Hautefort

Depuis le début des émeutes suite à la mort de Nahel, l’économie française est touchée, mais les investisseurs continuent à faire confiance : le CAC 40, vitrine internationale de notre économie, a pris 16% en une semaine.

Le décalage est grand entre la situation émotionnelle et économique en France, et notre image financière à l’étranger, qui reste excellente.

Les experts économiques comparent trois crises internes à la France : les trois semaines d’émeutes parties de Clichy-sous-Bois en 2005 après la mort de deux adolescents électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique, alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police ; les quinze mois de crise des Gilets Jaunes, d’octobre 2018 à mars 2020 ; et la crise actuelle, déclenchée par la mort de Nahel, suite à un contrôle de police à Nanterre.

Le coût pour l’économie française serait, suivant les sources, de 200 millions d’euros pour la crise de 2005, de 250 millions d’euros pour la crise de 2028, et d’une ampleur comparable pour la crise actuelle, qui dure déjà depuis 6 jours. Les impacts financiers sont mesurables : détérioration de commerces et en particulier des grandes enseignes agro-alimentaires, de restaurants, des symboles de luxe comme les bijouteries ou les parfumeries, incendies des voitures, de bus et de tramways, annulation de 20 à 25% des réservations hôtelières, au moment de l’été qui représente une grande part du chiffre d’affaires, annulation de concerts et de festivals de théâtre ou de musique. Depuis jeudi 29 juin, les transports publics dans les principales villes de France ferment à 21h, induisant un manque à gagner et surtout un état d’esprit de couvre-feu, de sinistre mémoire. Les autorités américaines, britanniques et chinoises ont recommandé à leurs ressortissants de ne pas choisir cette année la France comme destination de vacances, assombrissant encore les perspectives.

Touchées mais pas coulées, les entreprises françaises ne baissent pas les bras. Le secteur du luxe, premier de fleuron du savoir-faire français, résiste avec panache. La Fashion Week de Paris, du 3 au 6 juillet est maintenue. Le chiffre d’affaires direct de la mode, en France est de 154 milliards d’euros, dont 36 milliards à l’export. Plus de 616 000 emplois sont concernés. Ces entreprises ont fait l’objet, comme d’autres en France, de pillages ces derniers jours, mais n’ont rien annulé.

A l’étranger, considérant la situation en France, les touristes annulent leurs réservations, mais les investisseurs restent confiants. Le CAC 40, vitrine de la Bourse, n’est pas impacté par ces émeutes. En 2005, sur la durée de la crise, il s’est apprécié de 3,5%, passant de 4458 à 4622 points. En 2018-2019, lors de la crise des Gilets Jaunes, il s’est apprécié de 2%, passant de 7235 à 7387 points. Et depuis le début des émeutes actuelles, l’indice phare Français s’est apprécié de 16%, passant de 4792 à 5744 points. Les investisseurs savent que par gros temps en territoire domestique, les grandes entreprises françaises savent redéployer leurs ressources vers leurs activités internationales.

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