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La seule qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous des sociétés cotées : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

La veille de l'HebdodesAG

La seule veille qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous de 700 sociétés cotées en France et à l'étranger : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

L'invité(e) est :

Stéphane Richard

Interview Stéphane Richard, PDG d’Orange

« Les investisseurs n’ont pas encore réalisé combien l’intelligence artificielle va transformer profondément nos métiers».

Merci de recevoir l’Hebdo des AG à l’issue de votre assemblée générale. Vous avez présenté la transformation digitale comme l’un des quatre axes de votre stratégie et j’ai fait personnellement le rapprochement avec votre show Hello, durant lequel vous avez présenté deux robots, et les initiatives comme celles du chinois DKV qui a nommé des robots ou plutôt des algorythmes à son Conseil d’administration. Est-ce une tendance ? pourrait-elle toucher la France ?

S.R. – Si j’étais provocant, je dirais que certains proxys souhaiteraient avoir des robots dans les Conseils d’administration. Cela leur éviterait les marges d’appréciation humaine. Plus sérieusement, les robots ou l’intelligence artificielle ont une grande perspective devant eux ; mais qu’ils arrivent dans les Conseils d’ici quelques années, je ne le sais pas, je ne sais pas non plus ni si cela serait souhaitable. Sans se substituer à un administrateur humain, l’intelligence artificielle peut apporter aux administrateurs une expertise en temps réel sur des sujets complexes, enrichir les éléments de comparaison entre sociétés. Le machine learning peut améliorer la qualité des travaux du Conseil. Mais qu’il prenne les décisions à partir des humains, je n’y suis personnellement pas favorable.

Durant la session, fournie, des questions-réponses de l’assemblée, aucune question des actionnaires n’a porté sur les enjeux de la transformation digitale. Quel est votre sentiment sur ce point ?

S.R. Une assemblée générale est un moment de rencontre avec les actionnaires individuels dont peu sont encore sensibilisés aux enjeux de l’intelligence artificielle. Cependant, même lorsque je participe à des roads-shows, les interrogations sur l’intelligence artificielle restent rares. Le court-termisme de certaines parties prenantes sur les évolutions technologiques reste frappant. Les investisseurs s’intéressent au résultat trimestriel, au dividende, à la régulation, aux succès commerciaux ou aux parts de conquête mais pas aux changements disruptifs issus de l’intelligence artificielle. Une prise de conscience est nécessaire. Nous en sommes encore au stade balbutiant. Nul n’a réalisé combien l’intelligence artificielle a la capacité de transformer profondément nos activités et plus précisément nos métiers. Cela viendra. Quant à Orange, je souhaite que nous réfléchissions en anticipation à la gestion des compétences, à l’évolution de certains métiers, tels la banque ou la gestion clients. Vous le savez, nous sommes les premiers à proposer à nos clients un service bancaire à partir d’un système d’intelligence artificielle « Watson » d’IBM.
Dans le même temps, je suis lucide sur le fait que nos stakeholders, nos dirigeants politiques notamment, ne sont pas forcément conscients des implications à terme de l’intelligence artificielle.

Vous abordez la cyberdéfense différemment de nombre de sociétés dont les dirigeants se sont exprimés, verbalement, sur les cyberattaques. Vous refusez d’adopter l’angle de la peur ou de la protection, vous parlez de cyber confiance et vous avez créé une ligne de services dédiée.

S.R. Cette question est critique dans la transformation digitale. La question de la protection des données et des systèmes de gestion de ces données présente une importance majeure. La prise de conscience du risque, des menaces venant de la cybercriminalité est à ses balbutiements. Orange manipule un grand nombre de données appartenant à ses clients et elle doit de ce fait protéger ses systèmes plus encore que d’autres entreprises. Cette vigilance, nous la transformons en opportunités, opportunités de création d’expertises et de compétences utiles aux entreprises clientes. Leader dans son domaine, Cyberdéfense regroupe aujourd’hui plus de mille ingénieurs et experts, des « hackers » éthiques au service de plus de mille entreprises pour améliorer leur cyberprotection. Au-delà de cela, je pense que dans cet univers digital en croissance rapide, Orange possède un atout spécifique. Certains acteurs collectent et valorisent des données mais auront des difficultés à garantir la protection de ces dernières. Orange apparaît comme un acteur de confiance et de proximité qui respecte un principe fondamental : nous considérons les données comme la propriété de ceux qui les émettent. La confiance dans le monde numérique réside dans le respect de trois principes : la sécurité des systèmes, des transactions et des données personnelles. Nous nous distinguons ainsi de nombreux acteurs du numérique. Dans ce foisonnement numérique, nous demeurons le tiers de confiance.


Biographie
Président Directeur Général d’Orange depuis 2011, Stéphane Richard, 61 ans, HEC et ENA,
a débuté sa vie professionnelle en 1991 comme conseiller technique au cabinet du ministre
de l’industrie et du commerce extérieur. Il a ensuite travaillé à l’ex Générale des Eaux, où il a
créé Natixis puis est reparti en 2007 au ministère de l’économie et des finances comme
directeur de cabinet. En 2009, il entre à France Télécom, devenu depuis Orange.

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