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La veille de l'HebdodesAG

La seule veille qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous de 700 sociétés cotées en France et à l'étranger : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

L'invité(e) est :

Patrick Sayer Membre du Conseil de Surveillance d’EURAZEO

Membre du Conseil de Surveillance d’EURAZEO

L’engagement d’EURAZEO en matière de RSE et de gouvernance
coïncide avec votre histoire personnelle

En effet, ce n’est pas un hasard. Quand je suis sorti des Mines, j’ai choisi l’option Ecologie. On était en 1982, ce n’était pas du tout à la mode à l’époque. Bien sûr, Brice Lalonde avait été candidat à la Présidentielle, une première, mais à part cette dimension politique, au sein de l’Ecole des Mines, l’option Ecologie n’était pas du tout perçue comme une opportunité. A l ‘époque, j’étais passionné par les problèmes posés par la disparition des lacs, la réduction de la couche d’ozone. Je sentais que c’était des sujets de fond. Lorsqu’ils sont devenus des sujets sociétaux, chez EURAZEO nous nous en sommes emparés tout de suite. Et pas seulement moi, mais tout le monde. Cela a été une adhésion immédiate, et profonde, sincère. C’est important, en ce domaine, la sincérité. Aujourd’hui où l’information sur ces sujets est une figure imposée pour toutes les entreprises, on sent bien quand ce n’est pas sincère ; quand les entreprises « cochent la case » avec 3 minutes sur le sujet après 45 minutes de présentation, cela se sent bien qu’elles n’y croient pas. Chez EURAZEO, on y croit.

Concrètement, comment ces convictions se sont-elles traduites dans la vie quotidienne de vos participations ?

Au début, nous ne savions pas si cet engagement représenterait uniquement des coûts – des coûts nécessaires – ou s’il serait possible d’en faire un centre de profit.

Sophie Flak, qui pilote ce sujet chez EURAZEO, a d’abord structuré un reporting, et fait en sorte que ces indicateurs puissent accélérer les économies réalisées par chacune de nos entreprises, c’est comme cela que nous en avons fait un centre de profit.

Vous avez été les premiers à intégrer les critères RSE aux critères d’investissements ; par quels critères avez-vous commencé ?

Oui, depuis 2008 déjà. Au départ, c’était environnemental, puis social, puis sociétal. L’environnement, c’est la quantité de papier consommé, par exemple ; la réduction du nombre d’impressions. En matière sociale, nous avons été les premiers à mettre en place des enquêtes externes sur nos participations, pour comprendre les sujets d’accidents du travail, l’absentéisme, le bien-être au travail, l’envie des collaborateurs de recommander leur entreprise. Notre autre idée structurante en matière sociale, c’est le partage de la valeur ajoutée. Je suis convaincu que les salariés doivent être actionnaires de l’entreprise, pour en être les moteurs. Chez EURAZEO, on octroie chaque année en actions deux mois de salaire à chaque salarié ; avec des garde-fous bien sûr : ils sont aidés

financièrement pour l’acquisition, et nous leur réservons les opérations avec le moins de levier, donc les moins risqués.

Distinguez-vous RSE et gouvernance ? Dans ce domaine là aussi, ce sont les Private Equity qui ont imposé avant les autres des standards comme les Comités, la proportion d’administrateurs indépendants, la diversité. Qu’en est-il chez EURAZEO ?

Dans chacune de nos participations, nous sommes très peu d’actionnaires tant qu’elles ne sont pas cotées – parfois nous sommes les seuls actionnaires. Etant peu nombreux, nous commençons toujours pas nous mettre autour d’une table pour déterminer le plan d’affaires, comme le plan d’investissement de la société. Avant même de prendre une participation. Les dirigeants, les Comités, leur composition, leur feuille de route, découlent de cet accord entre actionnaires de référence. Quand un private equity est l’actionnaire de référence, c’est l’intérêt opérationnel qui dicte la gouvernance, et non les intérêts d’actionnaires multiples, intérêts qui sont souvent divergents. C’est le problème rencontré par de nombreuses sociétés cotées. Par exemple, si nous avons été les premiers à intégrer des administrateurs indépendants, bien avant la loi, c’est parce que l’entreprise a besoin au sein de son Conseil de leurs expertises métiers, en plus des expertises financières représentées par les actionnaires.

Vous avez depuis longtemps intégré une grande proportion de femmes à tous les postes de responsabilité, et dans les organes de gouvernance. Vous avez été aussi l’un des rares grands patrons à céder votre place à une femme.

Je voudrais justement qu’on ne dise pas cela : que j’ai cédé ma place à une femme. Virginie (*NDLR : Morgon) est d’abord une excellente professionnelle ; dans ma tête, le fait d’être homme ou femme n’a jamais été un sujet. Je suppose que c’est pour cela qu’elles sont si nombreuses chez EURAZEO a réussir brillamment. Personne chez EURAZEO ne freine l’ascension d’une personne talentueuse, qu’elle soit homme ou femme. C’est cela qui fait la différence.


Que changez-vous à ces habitudes quand vous ouvrez une partie du capital, en IPO ?

Rien, parce qu’en amont, toute la gouvernance a été modelée en fonction des exigences opérationnelles. EURAZEO est un actionnaire de long terme : quand nous ouvrons le capital par un IPO, nous restons actionnaires de référence. Par conséquent, lorsqu’on bascule de société privée détenue par des private equity à société cotée contrôlée par des private equity, toute la gouvernance reste concentrée sur l’opérationnel. En particulier, l’équipe dirigeante en place au moment de l’IPO reste généralement longtemps après.

Patrick Sayer est aujourd’hui Juge au Tribunal de Commerce de Paris, et membre du Conseil de Surveillance d’EURAZEO.
Il a été Président du Directoire d’Eurazeo de 2002 à 2018. En mars 2018, il a passé le relai à Virginie Morgon, tout en restant membre du Conseil de Surveillance. Il était précédemment Associé-Gérant de Lazard Frères et Cie à Paris qu’il a rejoint en 1982 et Managing Director de Lazard Frères & Co à New York, où il était notamment responsable mondial en charge des medias et de la technologie. Son expérience de l’investissement privé remonte à la création de Fonds Partenaires qu’il a appuyé de 1989 à 1993, ayant ensuite contribué à la redéfinition de la stratégie d’investissement d’Eurazeo.
Patrick Sayer est membre du Conseil de Surveillance d’Europcar, Administrateur chez TechData, Administrateur du Groupe Accor ancien Président (2006-2007) de l’Association Française des Investisseurs en Capital (AFIC), membre du Conseil d’Orientation de France-Investissement, Administrateur du Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Patrick Sayer est diplômé de l’Ecole Polytechnique (1980), de l’Ecole des Mines de Paris (1982). Il est Officier de la Légion d’Honneur (2017).
Il a publié, avec Maxime de Bentzmann, en 2013, « les 100 mots du capital-investissement », chez PUF, pour expliquer comment le private equity est devenu une source incontournable de financement et de développement des entreprises.

Il est également Juge au Tribunal de commerce de Paris, et Président de la société Augusta, family-office.

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