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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Les marchés récompensent l’offensive et les plans de croissance. Espérons qu’ils ne pêchent pas par optimisme.

27 juillet 2020. 25 entreprises ont publié leurs résultats du premier semestre, trop peu encore pour établir des tendances, mais assez pour un premier tour d’horizon. Les marchés récompensent la croissance et les signaux positifs. Devenus binaires, ils n’accordent pas d’avantage aux sociétés qui ont protégé leurs liquidités : c’est désormais un sine qua non, et les sociétés à bilan faible sont désormais laissées de côté.

Pour les marchés financiers cette semaine, la crise Covid est finie. Nous sommes bien loin du vécu de la rue, où les bars sont fermés le soir et où certaines villes, comme Barcelone, reconfinent. Hormis le secteur aérien, représenté cette semaine par Dassault Aviation, les entreprises qui se sont exprimées se disent à ce jour sorties de la crise. Même Valeo qui prévoit une réduction de masse salariale, SEB qui suppriment des effectifs, prévoient un second semestre meilleur. Les scenarios ne prévoient aucun reconfinement, et les prévisions avancées sont à la hausse.  On ne peut s’empêcher de s’interroger.

Signe concret qu’ils ont tourné la page de la crise et se projettent déjà dans l’après, les marchés ne récompensent déjà plus la solidité financière. Les sociétés qui expliquent comment elles ont, au plus fort de la crise, protégé leurs liquidités, ne voient pas ce succès reflété dans leur cours de bourse. Ce n’est pas que les marchés ne l’exigent pas. Si une société est (encore) là, cela signifie qu’elle a traversé la crise et qu’elle est en bonne santé. La solidité du bilan est devenue un critère sine qua non, pas un « plus » différentiant. Les sociétés qui restent relèvent de trois catégories : celles qui avaient déjà de très bonnes liquidités avant la crise, comme Scor, celles n’ont pas été impactées, de par leur secteur, comme les foncières ou encore les biotech, et enfin celles qui ont obtenu des prêts (PGE). Devant le large déploiement des PGE, les actionnaires et les marchés s’en sont remis aux banques pour apprécier si un bilan est solide ou pas. Ce sont elles qui ont arbitré : lorsqu’elles n’ont pas suivi, les actionnaires n’ont pas financé non plus.  Une grande différence avec la crise de 2009, où le redémarrage s’était fait par une succession d’augmentation de capital, les banques ne voulant pas ou ne pouvant pas financer. En 2020, les sociétés qui n’ont pas obtenu de prêt se trouvent en grande difficulté, comme Solocal qui a signé le 24 juillet un troisième plan de restructuration financière, donnant 90% du capital à ses créanciers. Plusieurs sociétés cotées se sont déjà placées en sauvegarde ce mois-ci, faute d’avoir obtenu un PGE, alors même qu’elles avaient de bons résultats commerciaux.

Publicis (au bilan très solide) a vu son cours de bourse bondir de près de 20%, après avoir annoncé des gains de nouveaux clients pendant le confinement et de bonnes perspectives pour l’avenir. Les marchés, en ce début de séquence de résultats semestriels, récompensent l’offensive et les plans de croissance. Espérons qu’ils ne pêchent pas par optimisme.

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