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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

4 mai 2020. Nous venons de vivre un mois d’avril inédit pour les assemblées générales : 37 assemblées à huis clos, chacune inventant son déroulé, son scenario, son degré d’interaction avec les actionnaires, chacune rebattant les cartes des habitudes qu’on croyait immuables. Gensight a fait passer la séance questions-réponses après les votes, par exemple ; Klepierre ou encore Chargeurs ont parlé surtout de 2020 et des atouts pour triompher de la crise actuelle, quasiment pas de l’année écoulée, qui est pourtant habituellement le sujet de l’assemblée – mais qu’elle est loin déjà, cette année 2019 !

De ce mois d’avril hors normes, on retient aussi un point de clivage majeur entre entreprises : il y a celles qui réaffirment haut et fort leur engagement pour le climat, et celles qui n’en parlent plus, ou qui repoussent les échéances. Les actionnaires poussent pour le climat, à l’instar de TCI chez Vinci, Meeschaert, CM-CIC, Sycomore ou La Banque Postale chez Total ; l’Etat donne des signaux ambigüs. C’est devenu un choix politique, et l’assemblée générale, même à huis clos, s’en fait la caisse de résonance.

Observons, enfin, la vigueur de la contestation actionnariale. On enregistre, en un mois, davantage de résolutions votées « de justesse » que dans toute l’année 2019. L’affrontement sur les sujets de rémunérations se poursuit, comme les années écoulées ; les conflits sont, tout comme en 2019, hypermédiatisés, à commencer par le rejet de la rémunération d’Olivier Brandicourt chez Sanofi. Ce qui est nouveau cette année est la contestation des actionnaires sur des sujets plus techniques, plus discrets, mais tout aussi fondamentaux : le choix des commissaires aux comptes, les déclarations de franchissements de seuils, les quitus au management. 

Ce qui passait encore en 2019 ne passe plus, ou très mal. Les sociétés n’ont pourtant pas changé. La crise a simplement rendu les investisseurs plus intransigeants en termes de gouvernance, peut-être plus dogmatiques pour certains. A l’heure où les marchés financiers se préparent à une série d’augmentations de capital, ce sont eux, les investisseurs, qui ont la main aujourd’hui.

Prenez soin de vous,

B.H.

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