En pleine crise Covid-19, la pression des actionnaires sur les sociétés augmente. Tout part d’une bonne intention : chaque « partie prenante » a son idée sur la sortie de la crise, et la soumet au management, sans hésiter à employer les grands moyens.
Pourtant, le 18 mars, quand Eliott avait finalement fait la paix avec CapGemini, tout semblait annoncer une « trêve » de l’activisme ce printemps. C’était compter sans toutes les autres parties prenantes : les entreprises se retrouvent attaquées sur tous les fronts. Sur la stratégie climatique : TCI a proposé à Vinci deux résolutions, que le Conseil a refusé d’inscrire à l’ordre du jour ; vu l’avancée méthodique de TCI chez Safran sur le dossier Zodiac, on peut s’attendre à ce que le fonds n’en reste pas là. Sur les dividendes : l’Etat, par la voie du Ministre de l’Economie, et les syndicats, notamment chez Engie, appellent à la suspension des dividendes cette année. Sur la rémunération des dirigeants : CIAM a déjà indiqué qu’il voterait contre le « package » de Denis Kessler, PDG de Scor. Sur la stratégie d’ensemble : Amber Capital a fait une offensive spectaculaire chez Lagardère, en proposant 8 nouveaux membres du Conseil de Surveillance, et en révoquant tous les existants, sauf les derniers arrivés – Nicolas Sarkozy et Guillaume Pepy.
Ces décisions sont toutes du ressort des assemblées générales d’actionnaires. Le législateur, en fin de semaine dernière, a protégé au maximum les sociétés, en les autorisant à les tenir à la date prévue, à huis clos, même en période de confinement. De cette façon, les décisions prévues pouvaient être prises sans retard ; notamment les dividendes. De cette façon aussi, les « activistes » avaient la tâche plus difficile – impossible de faire un coup d’éclat le jour J, puisque l’assemblée ne se tiendra pas physiquement.
A date, seulement 17 sociétés se sont prononcées sur le calendrier de leur assemblée – 12 pour reporter leur assemblée. Scor, notamment, a choisi de reporter, même si cela rendra la vie plus facile à CIAM. Il est encore trop tôt pour en conclure à une tendance.
Sur les dividendes, malgré l’appel du ministre, très peu de sociétés pour l’instant se sont exprimées. Notamment, les plus généreuses, Total, Sanofi, Vivendi … n’ont encore rien dit. A l’inverse, elles ont suspendu leurs rachats d’actions, arguant qu’elles devaient garder leurs liquidités en temps de crise.
En somme, malgré la crise violente qui nous impacte tous, cette saison ne fera pas exception : pas de trêve pour les activistes.
Prenez soin de vous,