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L'édito de Bénédicte Hautefort

Depuis 2019, les administratrices sont même légèrement mieux payées que leurs pairs masculins – parce que plus diplômées.

Comment sont fixés les « jetons de présence » des administrateurs ? A l’heure où les rémunérations des dirigeants sont scrutées à la loupe, celles des autres membres des Conseils d’Administration restent assez floues. Bonne nouvelle pour les femmes : le genre n’est plus un critère, les administratrices sont même légèrement mieux payées que leurs pairs masculins – parce que plus diplômées.

Le critère le plus structurant reste la taille de l’entreprise, bien sûr. Parce qu’elle détermine en grande partie la complexité du travail à accomplir, et la responsabilité humaine de l’administrateur. Les écarts de rémunération sont énormes, entre l’administrateur officiellement le mieux rémunéré en 2018, Léo Apotheker chez Schneider Electric, avec 398 000 euros, et les moins bien lotis, à moins de 1 000 euros, chez Pharmagest ou Abivax, biotech performantes, plus petites que Schneider Electric mais pas 398 fois plus petites. La taille explique une part des écarts, mais pas tout.

Le rôle à l’intérieur du Conseil, évidemment: un Président non exécutif, un Président de Comité, un membre de Comité est rémunéré en plus de sa mission d’administrateur ou administratrice, à la mesure de ces responsabilités additionnelles. Une Présidence de Comité d’Audit ou de Rémunération représente, en moyenne, 70% de rémunération en plus.

L’intensité du travail demandé, aussi.  En 2018, les administrateurs d’AXA, Société Générale et Total, réunis en séance plénière plus de 10 fois dans l’année, ont été rémunérés 60% plus que la moyenne du CAC40. Mais les administrateurs offrent leur propre temps, quand la fréquence des réunions s’explique par les difficultés économiques de la société, comme en 2018 chez CGG ou Solocal : aucun jeton supplémentaire pour eux, malgré un rythme de réunions de plus de 15 dans l’année.

L’assiduité personnelle joue. C’est le critère de « performance » d’administrateur appliqué depuis longtemps par chaque société, mais rendu public à titre individuel depuis cette année seulement. La règle est la suivante : pour toucher la totalité de ses jetons de présence, l’administrateur doit avoir participé à la totalité des séances du Conseil de l’année concernée. 47% seulement des administrateurs du CAC All Tradable sont dans ce cas, pour 2018 ; 8% ont suivi moins de 75% d’entre elles, et touchent en moyenne 31% de jetons en moins. Mais il y a plus grave : 75% d’assiduité est le seuil plancher en-dessous duquel les « proxy » voteront automatiquement contre le renouvellement de leur prochain mandat : une sanction bien plus lourde qu’une réduction de leurs jetons de présence.

Le diplôme, enfin, est déterminant pour la rémunération des administrateurs. Peut-être pas directement, mais parce qu’il ouvre les portes des Conseils les mieux rémunérés, des Comités d’Audit, de Rémunérations les plus complexes. Les entreprises françaises recherchent les diplômés américains et britanniques : quand la rémunération moyenne d’un administrateur en France s’élève à 30 438 euros en 2018, elle monte à 53 530 euros pour un diplômé de London School of Economics (LSE), 74 984 euros pour un administrateur diplômé d’Harvard, 93 000 euros en moyenne pour un administrateur sorti du MIT.  A l’inverse, un administrateur diplômé de l’ENA, ou d’HEC, ou de Polytechnique, n’est pas plus rémunéré que la moyenne. La théorie de l’ « entre-soi » est démentie par les chiffres.

Last but not least … pour la première fois en 2019, les femmes administratrices sont, en moyenne, mieux rémunérées que les hommes. Elles ont perçu en moyenne, toutes sociétés du CAC AllTradable confondues, 31 667 euros en 2018 ; à comparer à 29 434 euros pour les hommes. Au sein du CAC 40, les administratrices ont touché en moyenne 67 991 euros, vs 67 921 euros pour les hommes. L’explication ? Elles ont davantage de diplômes, et notamment davantage de diplômes étrangers.

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