Promouvoir les meilleures pratiques des sociétés cotées

Informer

La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Les Conseils d’Administration 2020 : élargissement ou recentrage ?

A quoi ressembleront les Conseils d’Administration 2020 ? « Raison d’être », réchauffement climatique, cybersécurité, pays émergents, Brexit, positions américaines, … La donne stratégique de l’entreprise a profondément changé en quelques années.

L’Hebdo des AG montre que les entreprises n’ont pas attendu pour s’adapter. Elles ont déjà intégré dans leur gouvernance 10% d’administrateurs à formations « extrafinancières » : psychologues, graphologues, architectes, designers, artistes, comédiens sont déjà conviés autour de la table du Conseil.

L’angle sociétal de la « Raison d’être » de l’entreprise est fortement pris en compte. Les aspects géopolitiques également, avec l’entrée de plusieurs poids-lourds politiques dans les Conseils – Nicolas Sarkozy chez Accord, Fleur Pellerin chez Schneider Electric, Bernadette Chirac chez LVMH, … En revanche, pour l’instant, Yann Arthus Bertrand, censeur au Conseil de LVMH, est le seul administrateur à représenter une expertise sur les sujets climatiques. Va-t-il faire des émules ?

Autre point de progrès : l’élargissement des expertises géographiques. Qu’il s’agisse de leur pays de résidence, de leur nationalité ou des pays où ils ont fait leurs études, les administrateurs de nos sociétés françaises restent dans un triangle franco-américain-britannique. L’Allemagne est très peu représentée, tout comme les pays hispanophones, et l’Asie. Or c’est bien là que se trouve aujourd’hui la croissance. Là aussi, la prochaine étape ?

Une ombre au tableau change la donne : la crainte d’une nouvelle crise financière. Au nom de l’efficacité, va-t-elle reporter à plus tard la diversification des profils d’administrateurs ?

Les entreprises sont en effet au pied du mur, sur un sujet qui pourra s’avérer très sensible si la crise se confirme : la composition des Comités d’Audit version 2020.
87 Présidents de Comités d’Audit remettront leur mandat en jeu au printemps 2020 ; 19 d’entre eux auront alors plus de 12 ans d’ancienneté, ce qui les privera du statut d’administrateur indépendant, important pour cette fonction. Si les sociétés en profitent pour faire venir du sang neuf, opteront-elles pour le changement ou la continuité ? En temps de crise, les deux postures existent. Choisiront-elles de recruter dans le vivier que HEC-X- ENA (l’origine de 71 des 87 Présidents de Comité d’Audit concernés) ? Ces « grandes écoles » comptent à présent systématiquement au moins un an à l’étranger : recruter un administrateur issu de ce sérail permet d’ouvrir le champ, tout en conservant le même mode de pensée. Ou bien les entreprises élargiront-elles la palette, pour se donner, à l’inverse, toutes les chances d’intégrer d’autres modes de pensée ? Les Allemands Stefan Lippe chez AXA et Wolfgang Colberg chez Pernod-Ricard, ou encore l’Anglais Vernon Sankey chez Atos ont montré que c’était possible.

Entre poursuite du changement déjà amorcé, ou coup de frein et retour à des schema déjà connus, les entreprises vont trancher.

Numéro en cours

Numéro précédents