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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Une AG d’ETI cotée, c’est vivant !
Depuis cinq semaines, l’Hebdo des AG arpente les assemblées générales des 315 sociétés de tout le CAC AllTradable – un pari pour nous, une première en France car personne, jusqu’ici, n’avait entrepris d’ausculter de façon systématique la gouvernance en mouvement, au-delà du CAC40. Le CAC AllTradable, c’est le CAC40, les 80 suivantes (qui formaient ce qu’on appelait avant le SBF120), et les 200 et quelque suivantes, les ETI cotées, si médiatisées aujourd’hui parce que ce sont nos stars, nos futures « licornes ».
Que nous ont-elles appris, depuis cinq semaines ?
D’abord qu’une assemblée générale dans une ETI reste le même rendez-vous annuel que dans une grande multinationale, c’est le même format d’avis de convocation, la même (longue) liste de documents et de rapports à fournir par les sociétés, les mêmes obligations de « compliance » donc, et la même partie formelle du déroulé d’assemblée.
Mais il y a des différences majeures.
Des différences de géographie et d’ambiance, d’abord. Les ETI cotées sont beaucoup plus nombreuses que leurs grandes sœurs à tenir leurs assemblées en province, à leur siège social. Lyon, Albertville, Metz, Aix-en-Provence, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille … les équipes de l’HebdodesAG font le tour de France, chaleureusement accueillies par les sociétés. Il y a bien sûr les SSII, les biotech, les sociétés nées avec l’internet, mais il y a aussi de nombreuses fonderies, fabricants de machines-outils, constructeurs, restaurateurs, couturiers, parfumeurs, … tous les métiers ou presque sont représentés.
Les directions juridiques à la manœuvre, à chaque fois, ont l’air heureux, pas du tout écrasés sous le fardeau administratif comme on aurait pu le croire – car l’organisation d’un document de référence, par exemple, pour une société qui n’a pas les ressources humaines du CAC40, c’est difficile. Elles sont heureuses, contentes d’être cotées même si les cours de bourse ne sont pas toujours comme elles voudraient, et contentes de voir leurs actionnaires.
Les ordres du jour sont plus variés, avec notamment des instruments de rémunération taillés pour les entrepreneurs, qu’on ne voit plus dans les ordres du jour des plus grandes entreprises, et aussi beaucoup plus de variété et de créativité de rédaction – la langue juridique corporate parisienne s’est standardisée, un peu de diversité rafraîchit !
Le jour J, il y a un vrai débat, parfois vif, entre les actionnaires présents et les dirigeants qui sont souvent les fondateurs, ou les fils et filles des fondateurs, dans tous les cas avec une forte fibre entrepreneuriale. Les actionnaires individuels viennent nombreux à ces assemblées, et représentent bien souvent le capital décisionnaire, car les votes par correspondance sont beaucoup plus rares que dans les sociétés plus grandes.
C’est que les « proxy » n’interviennent presque jamais.  En-dessous du SBF120, les sociétés ne sont pas suivies par l’AFG, n’ont pas souvent de position de Proxinvest, et rarement d’ISS ou GlassLewis. Et elles ont une couverture analystes très réduite. Elles s’adressent donc directement à leurs actionnaires, personnes physiques, gestion privée, investisseurs midcaps. Elles ont l’habitude de parler simultanément de gouvernance et de performance financière, aux mêmes personnes, un exercice auquel les grandes sociétés voudraient bien revenir mais les investisseurs internationaux se sont organisés autrement. Le vote est le fruit de ce dialogue, de nature beaucoup moins normée que ce que connaissent les plus grandes.
Et oui, bien sûr, il y a des différences de process. Les votes se font souvent à main levée, les scores précis ne sont publiés que le lendemain, les administrateurs ne sont pas toujours tous là, les informations des documents de référence sont parfois un peu rapides – mais l’essentiel y est toujours, posant la question de l’intérêt réel de la transparence maximum qui devient le standard dès que les capitalisations boursières grandissent.
Fondamentalement, ces ETI cotées nous donnent une belle leçon : l’AG n’est pas un exercice forcément aussi normé que ce qu’il est devenu dans le CAC40, il est possible de le ré-inventer, de l’avis de convocation au communiqué post-AG. Et on ne parle que des ETI du CAC AllTradable, il en existe entre 1200 autres environ, plus petites. Notre prochaine terre de découverte !
 

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