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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Changement d’ambiance : les investisseurs internationaux redeviennent adverses au risque
Aujourd’hui, l’Hebdo des AG publie, en exclusivité, le commentaire de Catherine Salmon et Cédric Lavérie sur l’étude annuelle d’ISS (International Shareholder Services, l’une des agences les plus influentes au niveau mondial en matière de recommandation de vote des investisseurs institutionnels sur les propositions des sociétés cotées en matière de gouvernance, de rémunération, d’évolution du capital, etc). Cette enquête qu’ISS mène chaque année auprès de ses clients est une bonne prise de température : il s’agit pour ISS de déterminer les sujets sur lesquels les investisseurs souhaitent qu’ISS « mette la pression » sur les sociétés cotées.
Surprise cette année : la surveillance des risques est le premier point d’attente des investisseurs mondiaux. Un changement radical par rapport aux années précédentes, où l’attente portait sur les leviers de croissance (et les besoins en capitaux induits), puis sur la rémunération des dirigeants.
Les clients d’ISS sont très concrets : ils donnent les « indicateurs » dont ils souhaitent disposer pour évaluer la performance en matière de surveillance des risques des commissaires aux comptes et des administrateurs constituant les Comités d’Audit, et placent la cybersécurité et la fraude comme premiers risques à surveiller.
Comment se situent nos entreprises françaises, par rapport à ces attentes ? Elles sont transparentes, mais pas (encore) proactives. L’information sur le travail des commissaires aux comptes et sur celui des Comités d’Audit est disponible, elle est même très détaillée dans le nouveau rapport financier version 2018 – mais peu de sociétés, jusqu’ici, en ont fait un thème de dialogue avec les investisseurs, se concentrant plutôt sur les sujets stratégie, de gouvernance, ou dans des cas isolés, sur les sujets de rémunération.
Quant à la cybersécurité, hormis quelques sociétés dont c’est le métier, le sujet est aujourd’hui très peu abordé. Mais il est traité : la plupart des sociétés ont aujourd’hui nommé un « CDO » (Chief Digital Officer), chargé de la transformation numérique et donc en particulier de centraliser les questions de cybersécurité.
Dans cette version 2018 de l’étude annuelle d’ISS, en revanche, pas un mot ne remonte des investisseurs sur la RSE (le risque climatique, par exemple), et plus rien sur la rémunération des dirigeants – un sujet considéré désormais comme bien encadré.
Que penser de ce revirement ? Replacer la gestion des risques sur le haut de la pile des priorités, ce n’est pas un grand signe de confiance en l’avenir de la part des investisseurs financiers. Une façon positive et constructive de répondre à cette attente peut être, pour les sociétés, de recentrer le dialogue sur leur propre processus de transformation, et donner davantage de balises de suivi, y compris à très court terme.

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