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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Les OPA : réduites à une étape vers un retrait de la cote ?
Nous consacrons ce numéro de rentrée aux OPA, ces opérations pleines de paradoxes. Peu nombreuses, elles sont sur-médiatisées ; impopulaires dans l’opinion publique, et pourtant servant de vrais projets industriels ; attendues avec gourmandise par les actionnaires individuels, et pourtant de plus en plus souvent synonymes de retraits de la bourse.
Erik Maris, associé de Messier Maris & Associés, nous éclaire. Si les OPA sont moins nombreuses cette année en France, c’est signe de bonne santé : les entreprises françaises sont devenues de tels champions nationaux et internationaux qu’elles sont peu OPA-bles, et deviennent à leur tour, hors de France, des consolidateurs de marché. Depuis le début 2018, déjà 10 offres publiques ont été initiées à l’international par des entreprises françaises. A comparer à 20 offres initiées en France – un tiers de moins qu’en 2017 à la même date.
Une réalité méconnue est le fait que les initiateurs d’OPA sont presque toujours des industriels. Ce ne sont pas les grands méchants prédateurs décrits, par exemple, par la sphère politique à l’occasion de la loi Florange. C’est un fait en France, c’est vrai aussi à l’international.
La communication des entreprises sur le sujet apparaît, du coup, complètement décalée. Car c’est de logique financière que les entreprises parlent, lorsqu’elles présentent leur OPA à la presse. Isabelle Martinez et Emmanuelle Nègre, professeures à l’Université de Toulouse, ont analysé le champ lexical des communiqués de presse sur les OPA : il est question de synergies, de modalités techniques, de données comptables, mais bien peu du projet industriel. Les entreprises ont tout pour embarquer leurs actionnaires dans un grand projet d’entreprise, et pourtant elles n’essaient pas. Pourquoi ?
Une explication est peut-être dans le nouveau mouvement qui se dessine : les OPA sont de plus en plus souvent juste une étape technique vers un retrait définitif de la cote. Si les entreprises ne s’attachent plus à faire rêver la Bourse quand elles lancent une OPA, si elles laissent paraître des communiqués de presse aussi arides, c’est que … la Bourse ne les fait plus rêver. Les sources de financement sont devenues multiples, et moins contraignantes que la Bourse. Ce n’est plus aux entreprises de convaincre les marchés financiers, mais aux marchés eux-mêmes de convaincre les grands capitaines d’industrie des vertus de la cotation en bourse. L’effort de séduction est aujourd’hui inversé.
 
 

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