L’édito de Bénédicte Hautefort

Say-on-Climate : un fossé grandissant entre les États-Unis et l’Europe
L’activisme climatique semble avoir atteint son apogée aux États-Unis, alors qu’il gagne en soutien en Europe, y compris de la part du pouvoir politique. Le Premier ministre français, Elisabeth Borne, a publiquement soutenu les activistes qui manifestaient devant l’assemblée de Totalénergies, affirmant qu’ils jouaient leur rôle de lanceurs d’alerte. La proposition des actionnaires sur le climat a obtenu un soutien de 30 % de la part des actionnaires, ce qui est significatif, mais pas suffisant pour être adoptée. Partout ailleurs en Europe, les propositions d’actionnaires liées au climat obtiennent cette année un score moyen de 24 %, contre 4 % l’année dernière. 20 % chez Shell, 17 % chez BP.
Les choses évoluent dans le sens inverse aux États-Unis. Les actionnaires d’ExxonMobil et de Chevron ont fermement rejeté un total de 13 propositions d’actionnaires liées aux émissions de carbone ou au changement climatique lors des assemblées annuelles des grandes compagnies pétrolières américaines le 31 mai. Et le pouvoir politique est ouvertement, dans les États du sud, en faveur d’un ralentissement de la décarbonisation, au nom de la croissance des profits. La perception du public américain a changé au cours de l’année écoulée, lorsque la guerre de la Russie en Ukraine a fait grimper les prix des carburants et a redonné de l’importance à la sécurité énergétique, parallèlement à la protection du climat.

Il s’agit d’un recul considérable par rapport à l’année dernière. Seuls 11 % des actionnaires d’Exxon ont soutenu cette année une proposition demandant à l’entreprise de fixer des objectifs de réduction des émissions qui seraient cohérents avec les objectifs de l’accord de Paris de 2015 sur le climat. L’année dernière, la même proposition avait obtenu 28 % de soutien. Une proposition similaire chez Chevron a reçu 9 % de soutien cette année, contre 33 % l’année dernière. L’année dernière, une majorité d’actionnaires d’Exxon a soutenu une proposition demandant à l’entreprise de rendre compte de la manière dont un abandon rapide des combustibles fossiles à l’échelle mondiale affecterait ses finances.
L’investisseur BlackRock a voté en faveur de cette proposition, soutenant ainsi Follow This GNO, tout comme la Norges Bank, le fonds souverain norvégien, par exemple. Mais cela ne suffit pas. Le premier actionnaire de Chevron est Vanguard, basé en Pennsylvanie, et le résultat du vote montre clairement que Vanguard a soutenu la direction contre les ONG climatiques. Vanguard fait partie des trois plus grands gestionnaires d’actifs au monde – actuellement n°2 après Blackrock et avant State Street. Leur politique climatique est donc très influente sur le marché.

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