L’édito de Bénédicte Hautefort

Cette semaine était le coup d’envoi de la saison d’AG pour le CAC 40, indice phare français. Simultanément, Scalens a suivi 30 assemblées, dans le monde entier. La nouveauté est venue d’une assemblée en Finlande : l’Etat actionnaire majoritaire de Fortum a voté contre la rémunération du dirigeant, mais son vote a été ignoré car il est minoritaire au Board.

13 avril, Helsinki, assemblée générale de l’énergéticien Fortum. C’est le deuxième rejet, après Crédit Suisse le 4 Avril, certes un cas particulier. Le montant absolu de la rémunération de Markus Ramauro, le CEO de Fortum, n’est pas en cause. Il était pour 2022 de 2,7 millions d’euros, soit moins de la moitié de la plupart de ses pairs. Mais Fortum n’avait pas atteint ses objectifs RSE. Le Board, considérant que la sous-performance était uniquement liée à l’activité Uniper, cédée fin 2022, avait décidé d’octroyer au CEO 50% de son variable-cible. L’Etat finlandais, minoritaire au Board mais majoritaire au capital, a voté contre, sur ce vote qui en Finlande n’est que consultatif. Dès la sortie de l’assemblée, le Board a publié un communiqué indiquant qu’il ne changerait rien.

Le cas Fortum est emblématique du comportement des investisseurs 2023, qu’il s’agisse de l’Etat finlandais ou des fonds de pension américains. Ce n’est pas le montant qui est en cause, mais le process. A Stellantis, les actionnaires n’ont voté que de justesse (51%) le bonus de 51 millions d’euros de Richard Manley, l’ancien CEO de Chrysler, parce que celui-ci n’avait pas été prévu – qualifié d’ »exceptionnel ». Lorsqu’ils sont prévenus et qu’ils estiment la demande argumentée, les investisseurs acquiescent, y compris pour des valeurs très élevées. Preuve en est qu’ils ont cette année approuvé à 80% les 23 millions d’euros de Carlos Tavares, dûment présentés, alors qu’ils avaient rejeté avec 52% de votes contre ses 35 millions d’euros en 2022, arguant qu’ils ne correspondaient pas à ce qui était prévu. De même pour Teleperformance, où les 20 millions d’euros de Daniel Julien sont passés avec 75% d’approbation.

Les sociétés, préparées plutôt à être challengées sur le montant absolu et l’équité sociale des rémunérations, font de leur côté systématiquement un exposé sur le partage de la valeur – même Stellantis, qui a mis en balance des bonus de ses dirigeants les 2 milliards d’euros versés en salaires à ses employés.

Les sessions de questions-réponses se rallongent de 10 minutes. La moyenne, ce début d’année, est de 40 minutes, avec des extrêmes. Celle de Delhaize, le leader Retail néerlandais, a duré plus de deux heures. Celle de Vinci, en France, plus d’une heure. Xavier Huillard, le CEO, a dû à regret écourter, dirigeant les actionnaires vers son Directeur de la Communication. A Iveco, le constructeur de véhicules utilitaires contrôlé par la famille Agnelli, l’avocat président la séance a été plus raide : dès le début, il a précisé que ce serait 5 minutes maximum par actionnaire. La saison continue cette semaine avec notamment BOEING, HEINEKEN, et en France les géants du luxe, LVMH, L’OREAL, HERMES. En tout 60 assemblées suivies par Scalens

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