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L’édito de Bénédicte Hautefort

AMF, HCGE : quand les « gendarmes » parlent concret, terrain, bonnes pratiques

L’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et le Haut Comité de Gouvernance des Entreprises (HCGE) viennent de publier en même temps. L’AMF dresse un premier bilan de la communication extra-financière des entreprises cotées à Paris, le HCGE publie son rapport annuel sur l’application du Code Afep Medef. Votre Scalens Weekly de cette semaine en publie les synthèses.

Le hasard du calendrier a rapproché ces publications, et souligne leurs similitudes. Succès des entreprises françaises, omniprésence de la question Climat, changement de ton pour une posture plus collaborative : l’AMF et le HCGE affirment leur dimension d’arbitres qui connaissent le terrain et parlent concret.

Ils ont en commun, bien sûr, la conclusion, un Cocorico : les entreprises françaises sont toujours à la pointe en ce qui concerne la protection du Climat. L’AMF souligne que 83% des entreprises ont fait état cette année d’activités dites « durables », c’est-à-dire éligibles à la taxonomie européenne ; le HCGE fait état de 93% d’entreprises qui conditionnent la rémunération du dirigeant à un critère environnemental.

Un autre point commun, nouveau, est le ton de ces rapports. On souligne les bonnes pratiques, les progrès, la réactivité des entreprises aux remarques faites, on prend en compte les difficultés pratiques rencontrées. Une posture inattendue de la part de nos deux grands arbitres. Pour mémoire, l’AMF a longtemps été surnommée le « gendarme de la bourse », connu pour son « name and shame », et le HCGE est l’instance d’autorégulation collective de la gouvernance des entreprises, la dernière étape avant un conflit ouvert. Autant dire que leur avis est redouté et que ce ton collaboratif ouvre une page nouvelle.

Soulignons aussi l’aspect très pratique de ces publications, qui se présentent désormais comme des manuels utilisables au quotidien par les opérationnels en entreprise, bien plus que des rapports d’activité. Le rapport Climat de l’AMF comprend 20 pages d’exemples, son rapport sur la taxonomie commence par un rappel (fort utile) des définitions et des lois et directives applicables, et se poursuit avec 50 pages d’exemples concrets, toujours de bonnes pratiques ; le rapport annuel du HCGE comporte plus de 60 pages d’exemples, venant à l’appui des observations. Là aussi, le format est nouveau, et sera bien utile pour les entreprises.

Reste une question de fond : comment réconcilier ces rapports très positifs, et la réalité d’une contestation toujours croissante ? ONG et investisseurs pointent du doigt nos déficiences en matière climatique et les rémunérations des dirigeants n’ont jamais été aussi critiquées. L’AMF et le HCGE seraient-ils déconnectés ? Bien au contraire. Leur nouvelle posture montre qu’ils sont à l’écoute. On a souvent mis en cause ces dernières années le fait qu’ils s’attachaient trop au respect de la lettre et n’arrivaient pas à épingler les quelques mauvais élèves qui trahissent l’esprit des lois et décrédibilisent la place de Paris. En parlant désormais concret, terrain, ils viennent de renverser la table. Ils se donnent les moyens de défendre les bonnes pratiques, et non plus seulement la conformité à des textes. C’est la meilleure défense anti-activiste.

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