Dans le microcosme de la gouvernance des sociétés cotées, un rendez-vous annuel majeur vient d’avoir lieu : ISS a rendu public le cru 2022 de son enquête investisseurs.

ISS est la plus puissante agence de recommandation de vote du monde, avec près de 3500 clients investisseurs, pour lesquels elle instruit les ordres du jour d’assemblées générales de milliers de sociétés cotées dans le monde. Chaque année au mois d’août, une fois le calme revenu, ISS consulte ses clients pour savoir ce qu’ils ont pensé de la saison écoulée. Les retours sont le socle des politiques de vote d’ISS déclinées ensuite par pays pour la saison à venir. Autant dire que le résultat de cette enquête est très attendu par les sociétés cotées, dans le monde entier.

Cette année, deux sujets préoccupent les investisseurs : le Climat, et (toujours) les augmentations de salaires fixes des dirigeants.

Sur le Climat, les grands investisseurs mondiaux ont fortement affiné leur grille de lecture, et ne sont pas satisfait des engagements des sociétés, jugés insuffisants. Ils sont maintenant prêts à passer … au vote -sanction. La majorité des investisseurs mondiaux suggère aujourd’hui explicitement le vote contre les administrateurs des entreprises aux objectifs Climat non communiqués. Ils reprennent le thème de campagne de l’ONG Climate Action + ce printemps, qui avait appelé à rejeter les comptes d’une vingtaine de société ce printemps – sans succès. Elle pourrait bien revenir.

La pression augmente aussi pour les institutions financières. Les investisseurs exigent la publication des émissions financées, un point d’actualité cette semaine même avec l’action de plusieurs ONG contre trois institutions financières allemandes, qui financent toujours les énergies fossiles.

En revanche, les investisseurs ne suivent pas les ONG sur le principe du Say-on-Climate. Ils n’y sont pas tous favorables, préférant responsabiliser le management.

L’autre point qui préoccupe les investisseurs est l’augmentation des rémunérations des dirigeants. Ils s’attendent à ce que les dirigeants proposent d’augmenter leur rémunération fixe, comme celles de leurs salariés, en contexte d’inflation. Ils préviennent qu’ils seront contre, car une augmentation de fixe déclencherait pour le dirigeant une série d’augmentations au total bien supérieures. La rémunération pourrait donc bien être de nouveau un point sensible en 2023.

Bien sûr, il ne s’agit pour l’instant que du retour des clients d’ISS ; pas des politiques elles-mêmes. Elles ne sont pas encore finalisées. On ne sait donc pas encore, par exemple, si le « vote-sanction » sur le Climat aura lieu en France.

Rendez-vous dans un mois : Cédric Lavérie, Head of Research, viendra le 24 novembre exposer aux clients Scalens la politique 2023.