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L’édito de Bénédicte Hautefort

SCHIBSTED : succès commerciaux, plan anti-inflation, et le seul Nordique à ne pas oublier l’extrafinancier

SCHIBSTED, le leader européen des places de marché, vient d’annoncer ses résultats semestriels, comme la plupart des entreprises des pays nordiques, traditionnellement en avance sur les autres acteurs européens. Comme chaque année, elles figurent le laboratoire de ce qui nous attend au cours des prochaines semaines. L’annonce de SCHIBSTED est emblématique, et mérite d’être écoutée attentivement : c’est pour l’instant la seule qui maintient le cap de la performance extrafinancière.

Rappelons-nous, il y a un an en juillet 2021. Partout, on pensait avoir réduit au maximum les coûts, accumulé des réserves de cash, et le seul défi était le redémarrage du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, le défi a été relevé, l’activité est bonne, malgré la guerre d’Ukraine. Dans les pays nordiques, tous les secteurs affichent de bonnes performances commerciales, et un chômage au plus bas historique. Le secteur pétrolier bien sûr avec la hausse du baril, mais aussi les banques, les assurances, les biens de consommation, les services internet, partout les clients sont au rendez-vous. SCHIBSTED annonce 6% de croissance organique, par rapport à un premier semestre 2021 déjà très haut.

Mais cela ne suffit pas. Une crise brutale s’est abattue sur les entreprises, et ce n’est pas seulement la guerre d’Ukraine. ERICSSON, le spécialiste des Telecom, n’hésite pas à parler de « tourmente ». L’inflation des coûts et la hausse des taux d’intérêts, partiellement liés à la guerre d’Ukraine mais pas seulement, effacent les succès commerciaux. Pour les banques et les assurances, secteur important de la zone, c’est la montée des taux rabote la rentabilité des activités d’investissements de tous les acteurs. Pour SCHIBSTED, pour ERICSSON, ou encore pour SANDVIK, leader mondial des machines-outils, c’est l’inflation des coûts qui pose problème.

Alors les entreprises présentent, lors de ces résultats semestriels, leur stratégie de crise : réductions de coûts, consolidation de marché, distribution des liquidités aux actionnaires inquiets. Un paradoxe, quand elles annoncent simultanément une bonne activité commerciale.

Premier acte, l’annonce des réductions de coûts. Non, le plancher n’a pas été atteint comme on croyait en 2020. SCHIBSTED annonce un nouvel effort au second semestre, comme DANSKE BANK, SANDVIK et ERICSSON, ou encore l’assureur danois TRYG, et la banque suédoise SEB. Ils ne précisent pas encore ni l’ampleur, ni la nature de ces mesures. En particulier, l’impact social n’est pas connu.

Deuxième acte, l’accélération des mouvements stratégiques autour des plus forts. SCHIBSTED a bouclé le rachat de la principale place de marché de projets de construction ou rénovation, un secteur en pleine expansion dont il devient le leader, cinq fois plus gros que son premier concurrent ; signe des temps, le rachat s’est fait cash. Le Suédois SANDVIK aussi annonce avoir déjà engagé cinq discussions, qui devraient déboucher au second semestre ; tout comme l’assureur norvégien GJENSIDIGE FORSIKRING.

Pour ceux qui n’ont pas de cible stratégique en vue, vient le troisième acte : l’annonce des rachats d’actions, ou des dividendes exceptionnels, pour rassurer les investisseurs inquiets de savoir ce que vont devenir toutes les liquidités records, en pleine période inflationniste. Une annonce a joué pour les quatre pays nordiques le rôle de signal déclencheur : SEB Bank vient d’annoncer un rachat d’actions majeur. La famille Wallenberg, l’actionnaire de référence de SEB Bank, est la famille la plus influente de Suède, présente et active dans la plupart des grands groupes industriels du pays – ABB, ELECTROLUX, ERICSSON, entre autres. Les Wallenberg ont donc rendu publique leur souhait de faire remonter leur cash, signe de gros coup de vent en perspective. Ils avaient jusqu’ici attendu, à l’inverse des grands actionnaires des autres pays européens, moins confiants sans doute – avec 1,5 milliard d’euros de rachats d’actions, selon le gestionnaire d’actifs Janus Henderson, 2021 a été une année record de rachats d’actions. Le changement de stratégie patrimoniale des Wallenberg a pour la zone valeur de signal d’alerte. On ne sait pas encore si les autres grands actionnaires européens demanderont aussi à leurs participations de remonter encore plus de liquidités, ou si à l’inverse, tel Larry Fink, le CEO de Blackrock, ils enjoindront aux entreprises d’utiliser leur trésor de guerre pour investir.

Dans cette « tourmente », SCHIBSTED est pour l’instant le seul à tenir le cap de l’extrafinancier. Indicateurs de performance sur l’organisation du travail en gestion « hybride », combinant télétravail et présence au bureau, point d’étape sur le processus favorisant l’innovation, feuille de route environnementale : de tous les acteurs nordiques qui se sont exprimés jusqu’ici, le leader des places de marché est le seul à avoir maintenu le volet extrafinancier au rendez-vous semestriel. Les autres, qui l’avaient bien mis en place en 2020 et 2021, l’ont éludé cette fois-ci.

Les pays nordiques vont-ils, cette année encore, être représentatifs des annonces du reste de l’Europe ? Le 29 juillet, 200 entreprises auront parlé, de tous les pays. Scalens vous présentera un panorama complet.

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