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La veille de l'Hebdo des AG

L'édito de Bénédicte Hautefort

Ce printemps 2018 a marqué un tournant dans la vie des sociétés cotées en France : les actionnaires ont rebattu les cartes des équipes de direction – hasard de calendrier, 52 dirigeants briguaient un nouveau mandat, qu’il s’agisse d’un premier mandat ou d’une réélection. Une proportion trois fois supérieure à l’habitude.
Le résultat est d’abord un plébiscite des dirigeants en assemblée. Si tensions il y a eu, elles ont été levées avant l’assemblée, sans éclat public et dommageable pour l’image de la société. Même dans les entreprises qui ont fait l’objet d’attaques activistes, comme Lagardère ou Fnac-Darty, et même lorsque des contestations sociales ou environnementales se sont exprimées en assemblée le jour J, comme chez Carrefour ou Total, les dirigeants ont été élus ou ré-élus à de très larges majorités. C’est nouveau : les années précédentes, la place de Paris avait vu chaque année deux ou trois sociétés aller jusqu’au « clash » en assemblée. Les investisseurs ne sont pas moins exigeants, mais chaque acteur a compris qu’en cas de différent, il valait mieux négocier entre investisseurs et Conseil d’Administration que risquer un « proxy fight ».
Le résultat de ce printemps est aussi la progression du « PDG », modèle de gouvernance à la française, désormais tout à fait accepté. Les « PDG » ont des scores comparables à leurs pairs, ce qui signifient que les investisseurs institutionnels, sur ce point, ne suivent pas les avis des « proxys », conseil en recommandation de vote, qui pour des raisons de principe recommandent de voter contre le cumul des pouvoirs.
Enfin, le plus spectaculaire, ce printemps, est le changement de pied des actionnaires au sujet du cumul des mandats. Longtemps, les dirigeants qui acceptaient un mandat d’administrateur externe étaient pénalisés, obtenant des scores plus bas à leur rélection ensuite ; avec des questions de comptage et de pondération de certaines responsabilités, les mandats de Présidents de Comité d’Audit pesant plus lourd par exemple. C’est fini : les élections, à de très larges scores, de M. Alexandre Bompard comme PDG de Carrefour (alors qu’il est déjà administrateur d’Orange) et de M. Jean-Pierre Clamadieu comme Président d’Engie (alors qu’il a déjà 4 autres mandats, dont celui de DG de Solvay), marquent le début d’une nouvelle époque. Celle où les investisseurs ne regardent plus le nombre de mandats, mais bien les critères qu’ils ont d’ores et déjà annoncés au début de cette saison : assiduité, indépendance, âge, détention d’actions. L’assiduité, jusqu’à présent, n’était pas toujours rendue publique pour chaque administrateur – avec le nouveau Code Afep-MEDEF, elle le devient.
La question qui va se poser, maintenant, c’est comment vont réagir les sociétés « d’origine » des dirigeants ? Un mandat externe, avec une assiduité à 100%, c’est en moyenne 20 jours par an, soit 10% du temps d’un dirigeant. Un enjeu important en termes de gestion d’agenda, et d’image vis-à-vis des équipes. Un nouveau défi, pour nos dirigeants du SBF120.

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