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L’édito de Bénédicte Hautefort

Equinor et ses 9 résolutions Climat

Equinor, l’un des principaux énergéticiens norvégiens, a fêté avec éclat son cinquantième anniversaire : pas moins de neuf résolutions « Climat » : une proposée par le management, en ligne avec les Accords de Paris, et huit autres par les actionnaires, avec des exigences diverses. Certaines appuyées par de puissantes associations comme Follow this ou As you Sow et certaines par des actionnaires isolés. Face aux activistes, le management a sorti le grand jeu : la présidente d’Equinor a lu, en assemblée, des courriers de l’Etat norvégien soutenant officiellement la stratégie climatique de l’entreprise. Les résolutions contestataires proposaient de relever la barre de l’exigence – atteindre la neutralité carbone avant 2030 – , ou d’interdire les forages dans la Mer de Barentz, considérée comme spécifique en termes de biodiversité, ou encore pde sortir totalement des énergies fossiles, un thème qui revient souvent dans les campagnes activistes. La résolution proposée par le management a été approuvée, les huit proposées par les actionnaires, rejetées. Mais pour l’instant, Equinor n’a pas publié les scores exacts.

L’assemblée d’Equinor est à l’image de ce printemps 2022 en Europe : le Climat occupe l’espace médiatique, cristallise les mécontentements des actionnaires et se positionne comment premier thème de dialogue dans les sessions de questions réponses en assemblée ; mais au moment des votes, les actionnaires européens soutiennent le management. Grande différence avec la situation aux Etats-Unis, où ExxonMobil et Chevron ont dû modifier leur stratégie suite à l’adoption par les actionnaires de résolutions contestataires.

La différence avec les années précédentes est que l’intensité du dialogue actionnarial sur le Climat. C’est que maintenant, avec la loi Energie et Climat, les investisseurs ont des comptes à rendre à leurs propres clients, et les entreprises cotées doivent prouver qu’elles font mieux que les autres, sur ce critère aussi. D’où la grande publicité faite aux stratégies Climat, principal vecteur pour « vendre » les sociétés auprès des investisseurs. 29 résolutions « Climat » ont été débattues en Europe depuis un mois, ou vont l’être très prochainement. C’est le double de 2021.

Les scores d’approbation sont très élevés. En France, EDF, Engie, Icade, Carmila et Getlink ont certes obtenu des scores d’approbation supérieurs à 97% ; mais la foncière Mercialys est plus en recul, à 81%. Au Royaume-Uni, Rio Tinto obtient 84%, ce qui est considéré comme une prouesse au vu de la campagne activiste menée par Climate Action 100+, soutenu par Vanguard et Blackrock. Le pétrolier BP obtient 88%, et la résolution alternative proposée par ses contradicteurs obtient moins de 6%. Le spécialiste de matières premières Glencore enregistre, pour l’instant, le score d’approbation le plus bas d’Europe, à 76%. Equinor a annoncé quelles résolutions étaient votées et quelles ne l’étaient pas, mais sans donner les chiffres.

11 assemblées avec des résolutions « Climat » restent à se tenir, souvent avec une double proposition, une du management et une d’actionnaires contestataires. Ce sera le cas à Shell par exemple ; à Totalénergies, le management n’a pas accepté d’inscrire la résolution contestataire à l’ordre du jour, les dissidents prendront probablement la parole au moment des questions-réponses. A HSBC, une résolution contestataire a été retirée de l’agenda, après qu’un accord ait été trouvé avec le management. Il reste aussi Carrefour, Nexity, Amundi, et Elis, qui soumettent leur stratégie Climat au vote, pour l’instant dans la sérénité d’assemblées sans activistes. Souhaitons-leur des plébiscites.

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