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L’edito de Bénédicte Hautefort

Say-on-Climate : autant de sujets de vote que d’entreprises

A l’occasion de ses résultats annuels, Engie a annoncé qu’elle soumettrait à l’assemblée générale d’avril 2022 une résolution Climat, sous forme de vote consultatif.

Une quatrième voie, donc, différente à la fois de celle de Vinci, Atos et Totalénergies. Les entreprises cherchent à répondre à l’appel de leurs actionnaires, et cherchent la meilleure façon. La palette est large, on peut choisir quoi soumettre au vote et comment – vote consultatif ou décision des actionnaires. En 2021, en Europe 13 entreprises avaient proactivement sauté le pas, dont 3 en France, Vinci, Atos et Totalénergies. Ailleurs en Europe, 5 autres avaient été contraintes d’aborder aussi le sujet, principalement sous la pression des ONG, mais pas seulement. Market Forces, Follow This, Reclaim Finance et Fondazione Finanza Etica sont soutenues par les plus grands gérants d’actifs mondiaux, pour monter à l’assaut de Shell aux Pays-Bas, Equinor en Norvège, H&M en Suède, Barclays et BP en UK.

La proposition 2022 d’Engie, un vote consultatif sur la stratégie de transition climatique, se rapproche de celle d’Iberdrola en 2021. C’est un vote consultatif sur le plan d’action Climat, avec des chapitres assez comparables, la logique sectorielle est plus forte que les rivalités historiques. Aena en Espagne, Glencore en UK ont suivi la même démarche très globale. Nestlé en Suisse, Unilever en UK, Shell aux Pays-Bas et Vinci en France ont été un cran plus loin, en demandant un vote ferme – qu’ils ont emporté à la quasi-unanimité, sauf pour Shell un peu en retrait.

Dans d’autres cas, c’est sur le rapport Climat que le management sollicite les actionnaires, comme à Calida en Suisse, Ferrovial en Espagne ou Totalenergies en France. Un choix juridique audacieux parce qu’il se rapproche du vote sur le rapport concernant la rémunération des dirigeants, devenu un vrai chiffon rouge. Quand on leur demande de voter seulement sur l’ensemble du rapport de rémunération, les investisseurs renâclent parce qu’ils veulent pouvoir se prononcer sur chaque item en détail. On court le risque d’essuyer un mauvais score d’ensemble, alors qu’on aurait pu faire approuver largement presque tous les items – mais sans doute pas tous, et c’est là que le format de vote met les investisseurs en alerte. Calida n’a d’ailleurs obtenu « que » 87% d’approbation pour son rapport Climat en 2021, alors qu’il n’avait rien de vraiment différent de ceux qui ont obtenu 92%, comme Totalénergies.

Plus rarement, le management restreint le vote Climat au choix des objectifs chiffrés : l’ambition en termes de décarbonisation, comme à Atos en France, ou les indicateurs de reporting Climat, comme à Aviva en UK. C’est encore plus risqué, parce qu’on avance alors sur le terrain des activistes. Lorsque ce sont eux qui imposent un débat actionnarial, c’est sur ces thématiques très ciblées.

Reste qu’en matière de Climat, ce que veulent les gérants d’actifs au moment du vote, c’est simplement que le sujet soit sur la table et qu’on en débatte. En avril prochain, Engie emportera probablement le plébiscite de ses actionnaires.

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