Promouvoir les meilleures pratiques des sociétés cotées

Informer

La veille de l'Hebdo des AG

L’Edito de Bénédicte Hautefort

Il n’y a plus de saison, même pour les AG

FERMENTALG est une pépite française, emblématique à plus d’un titre.

Experte dans la chimie verte à base de microalgues pour l’alimentation et la santé, Fermentalg s’affirme comme championne du développement durable – les huiles DHA aux Omega 3 par exemple, c’est FERMENTALG. Avec 65 salariés, 2,5 Mio euros de chiffre d’affaires et une capitalisation boursière de 105 Meuros ce matin, c’est une belle ETI cotée. Basée à Libourne, près de Bordeaux, elle incarne le dynamisme en régions. Enfin, avec Bpifrance à son capital, elle est l’exemple de la réussite du coup de pouce des pouvoirs publics. Un concentré des tendances 2021. Cette semaine, FERMENTALG  est encore une fois à la pointe de la tendance 2021, sur un sujet moins médiatique mais structurant pour l’avenir des relations entre sociétés cotées et actionnaires . Le 16 décembre, la société réunira ses actionnaires pour se prononcer, hors-saison, sur un sujet d’importance : l’attribution de bons de souscriptions d’actions (BSA). En 2019, ce sujet aurait attendu la prochaine assemblée annuelle. La documentation publique ne dit pas pourquoi cela n’a pas pu être à l’ordre du jour de la dernière assemblée de FERMENTALG le 10 juin 2021, ni pourquoi cela ne peut pas attendre juin 2022. C’est que ce n’est plus le sujet : depuis 2020, lorsqu’un sujet doit obtenir l’accord des actionnaires, les entreprises convoquent une assemblée sans attendre. Avec les assemblées à huis clos, c’était facile. A présent, actionnaires et sociétés ont pris le pli des décisions votées en cours d’année, et ne reviennent plus en arrière. Les sociétés n’hésitent plus à tenir des assemblées d’actionnaires en cours d’année, même en présentiel, même si c’est lourd, coûteux et chronophage, et même si elles pourraient, peut-être, attendre.  C’est l’un des grands changements de la gouvernance avant et après la crise sanitaire.

Quels sont ces sujets qui n’attendent plus ? En 2019, ils étaient rarissimes : des recapitalisations d’urgence malheureusement, des procédures collectives. Sur la totalité du CAC Alltradable, elles étaient moins de 10. En 2020, 30 sociétés du CAC Alltradable ont tenu au moins une assemblée additionnelle, mais pas pour des procédures collectives ; BOUYGUES par exemple a re-soumis au vote sa politique de rémunération. En 2021, elles sont déjà 36 à avoir tenu au moins une assemblée en plus de leur assemblée annuelle, et pour la plupart pas à huis clos. BNP Paribas a convoqué ses actionnaires au Carrousel du Louvre pour voter un dividende additionnel ; LVMH et KERING ont revoté en juin leurs autorisations de rachats d’actions, les cours en pleine croissance ayant déjà dépassé les  plafonds votés en avril ; EDF a reconvoqué ses actionnaires en juillet, pour nommer une nouvelle administratrice, là où peut-être, en 2019, la société se serait contentée de la coopter, pour ratifier cette décision à l’assemblée annuelle suivante. VIVENDI a tenu une assemblée le 29 mars pour distribuer en dividende ses actions UNIVERSAL MUSIC, sans attendre son assemblée annuelle – que la société a tenu en juin mais qui aurait pu aussi bien , comme d’autres années, se tenir en avril.

FERMENTALG, à son échelle, suit cette tendance. Les BSA auraient sans doute pu attendre quelques mois, mais il est désormais de bonne gouvernance de voter les sujets au fur et à mesure.

Pour les directions juridiques, cela veut dire en pratique qu’il n’y a plus de saison. Nous le voyons concrètement à l’HebdodesAG : nous sommes le 15 novembre, et avons à notre programme pas moins de 15 assemblées programmées dans les quatre semaines à venir. Trois fois plus qu’en 2019, avec les mêmes sociétés. Il n’y a plus de saison, même pour les AG.

Numéro en cours

Numéro précédents