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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Dividendes, rachats d’actions, M&A : dépenser vite pour ne pas être croqué

C’est la question de la rentrée, pour les entreprises françaises et surtout pour leurs actionnaires. Ils n’ont pas du tout, comme chaque année, refermé leur dossier jusqu’au printemps prochain, pour l’assemblée annuelle. A l’inverse, cet automne 2021, les actionnaires restent en alerte. La crise est finie. Les liquidités des entreprises ont bondi depuis un an, les réductions de coûts à marches forcées s’ajoutant aux aides gouvernementales et à l’accès facile à l’endettement, pour les groupes rentables. Il s’agit de les employer rapidement, avant qu’un prédateur ne s’intéresse à ces trésors de guerre. Entre dividendes, rachats d’actions et M&A, le choix raconte la culture d’entreprise.

BNP PARIBAS tient à verser des dividendes, son directeur général Jean-Laurent Bonnafé l’avait dit haut et fort en 2020, au cœur de la crise. L’objectif a toujours été de 50% du bénéfice, soit deux fois plus que la moyenne du CAC40 cette année. Mais ce n’était pas possible jusqu’ici, le maximum recommandé par la Banque Centrale Européenne (BCE) étant de 21%. La contrainte vient de sauter, et BNP PARIBAS convoque immédiatement une assemblée pour tenir son engagement, en déployant les grands moyens : le 24 septembre, les actionnaires seront réunis au Carrousel du Louvre, pour voter un second dividende s’ajoutant au premier, à 21% du bénéfice soit le maximum autorisé, voté le 18 mai lors de l’assemblée annuelle. Pour BNP PARIBAS, l’assemblée est une fête, et le retour au Carrousel du Louvre, le symbole du retour à la normale.

Elles ne sont pas nombreuses, les entreprises qui font ce choix. BNP PARIBAS est même pour l’instant la seule entreprise du CAC 40 à reconvoquer une assemblée, quatre mois seulement après son assemblée annuelle, uniquement pour verser un dividende ; et en « présentiel » en plus. Les deux autres grandes banques françaises cotées ont opté pour le rachat d’actions. L’impact sur le cashflow est le même, c’est relutif pour les actionnaires existants, c’est souvent meilleur pour le cours de bourse, et c’est surtout moins lourd à organiser qu’une assemblée. CREDIT AGRICOLE a lancé en août un programme de 500 millions d’euros environ, SOCIETE GENERALE a annoncé une campagne au quatrième trimestre de l’ordre de 470 millions d’euros. D’autres géants du CAC 40 ont emboité le pas : DANONE pour 800 millions d’euros, TOTALENERGIES pour 40% du cashflow généré au-delà de 60 dollars par baril, CARREFOUR pour 200 millions d’euros …Comme pour les dividendes, les entreprises se rattrapent : en 2020, les rachats d’actions étaient, comme les dividendes, interdits aux sociétés qui bénéficiaient d’aides gouvernementales, c’est-à-dire à beaucoup d’entre elles (mais pas TOTALENERGIES, par exemple). Pour celles qui ont un actionnaire de contrôle, se pose la question de la sortie de la bourse. Les deux giga-campagnes lancées cet été ont cette finalité : BPCE a lancé en juin une campagne de plus de 1 milliard d’euros pour racheter les 29% du capital de NATIXIS et sortir de la bourse ; Xavier Niel de même un mois plus tard pour ILIAD, avec une campagne qui pourrait atteindre 3 milliards d’euros.

La plupart des entreprises ont choisi une troisième voie : s’imposer en consolidateur de leur marché, et faire des acquisitions. Depuis début 2021, plus de 30 acquisitions majeures ont été réalisées par les sociétés du CAC Alltradable, un rythme jamais égalé. Tous les secteurs sont à l’offensive : LVMH, TELEPERFORMANCE, WORLDLINE, PUBLICIS, KERING, STELLANTIS, SCHNEIDER ELECTRIC, VEOLIA, pour ne citer que le CAC 40.

Dividendes, rachats d’actions, opération stratégique ou … rien de tout cela, et peut-être une OPA hostile ? Avec tant de rebondissements, pas étonnant que les actionnaires restent en alerte.

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