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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Les « midcaps » dégagent comme le CAC 40 des cashflows record, mais restent prudentes sur l’avenir : l’argent ira aux investissements, sans rachats d’actions

Décarbonés, (beaucoup) plus profitables, plus agiles, mais inquiètes des problèmes d’approvisionnement : les entreprises affichent des résultats semestriels record mais ont, suivant leur taille, une attitude différente pour l’avenir.

Le CAC 40 n’a jamais été aussi en forme, et jamais aussi optimiste. Guillaume Guichard, à Le Figaro, a commenté nos analyses sur le sujet. La prochaine étape, pour ces géants, sera le lancement des grands programmes de rachats d’actions annoncés en même temps que les bons résultats. Les autres entreprises, comme VICAT, sont plus réservées, même si elles affichent, elles aussi, d’excellents résultats. Le cashflow record sera d’abord alloué aux investissements, et le reste permettra de voir venir les difficultés.

Avec 2,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et 1,7 milliards de capitalisation boursière, le cimentier VICAT est une belle « midcap » française. Comme ses pairs, la société a su capter le rebond économique, et présente un chiffre d’affaires semestriel en progression de 22% par rapport à 2020, et 18% par rapport à 2019. Les plans de relance de l’économie, dans tous les pays, profitent à la construction. L’Europe est la zone la moins dynamique, les clients de VICAT en Asie, en Egypte ou en Turquie sont en plein boom, les Etats-Unis rebondissent aussi fortement. Comme ses pairs aussi, VICAT a drastiquement réduit ses coûts, dans l’urgence de la crise sanitaire, en 2020, présente donc une excellente profitabilité et une très bonne situation financière. Comme ses pairs toujours, VICAT souligne son engagement pour une économie décarbonée, avec le lancement de sa nouvelle gamme bas carbone « DECA ». Une révolution pour VICAT, qui d’habitude n’avait pas de volet « RSE » dans la présentation de ses résultats semestriels. Il faut dire que la réussite de cette stratégie RSE représente, cette année, 15% du bonus du PDG Guy Sidos, une révolution aussi pour VICAT. Le cimentier ne donne pas encore, en revanche, d’indications sur le taux de féminisation de ses équipes, ou encore le nombre d’embauches, ou un indicateur de santé sécurité au travail. Ce sera le prochain pas, après le pas franchi sur l’indicateur Climat.

La crise, cependant, n’est pas tout à fait finie. VICAT ne s’engage pas sur une croissance aussi forte au second semestre. Le cimentier a beau être très international, il est moins diversifié géographiquement qu’un groupe du CAC 40, qui maîtrise parfaitement aujourd’hui l’art de jongler d’un pays à l’autre en fonction des contraintes liées à la pandémie. Autre nuage, la croissance des coûts au second semestre : 9% de hausse des coûts d’énergie, et un surcoût encore indéterminé des coûts d’approvisionnements. De part son métier, VICAT est moins touchée que les importateurs de composants électroniques, par exemple. Mais la société est impactée par les difficultés d’organisation liées à la pandémie : absences ponctuelles d’interlocuteurs, plannings perturbés, restrictions de mobilité impactent tous les secteurs. Enfin, la main d’œuvre qualifiée est difficile à recruter. On a beaucoup parlé des difficultés de recrutement pour répondre au rebond de la demande en hôtellerie ou en restauration : c’est vrai aussi dans le BTP, et touche indirectement VICAT. La société n’en parle pas dans sa présentation de résultats, mais s’est exprimée sur le sujet début juillet.

Reste la question que les analystes ont posé à VICAT, comme à toutes les entreprises, petites et grandes : qu’allez-vous faire de tout ce cash ? Investir, toujours investir. 385 millions d’euros sont déjà prévus. C’est la grande différence entre le CAC 40 et les autres, en cet été 2021 : pour les midcaps, pas de rachats d’actions, le profit restera dans l’entreprise.  

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