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L’Edito de Bénédicte Hautefort

SEB, Solutions 30 : l’été des assemblées additionnelles « hors saison »


SEB sera, le 6 août, la quinzième cette année à réunir ses actionnaires en-dehors de l’assemblée annuelle. Il s’agit de trancher une fois de plus entre les deux branches rivales des familles héritières d’Antoine Lescure, le fondateur, en 1857. Chaque clan détient presqu’un tiers des droits de vote, le troisième tiers jouera donc les arbitres. Thierry de la Tour d’Artaise, actuel PDG, hérault de l’un des clans, propose la révocation d’un des membres du Conseil, la holding Federactive, représentée par Pascal Girardot. Au printemps, avant l’assemblée annuelle, le clan de Thierry de la Tour d’Artaise s’est consolidé, constituant une holding puissante. L’autre clan riposte avec une subtilité technique : il ne s’exprime pas sur la révocation de sa holding, mais propose la nomination du même Pascal Girardot, cette fois intuitu personae. La dernière bataille publique entre les héritiers Lescure avait eu lieu en mai 2011, avec les mêmes protagonistes : Pascal Girardot avait fait campagne contre la rémunération de Thierry de la Tour d’Artaise, à plus de 4 millions d’euros. Pascal Girardot était soutenu par plusieurs autres actionnaires, dont la famille Peugeot. Au terme d’une bataille très médiatisée, les actionnaires avaient finalement choisi le juste milieu : ils ont approuvé le bonus du PDG, mais rejeté ses stock-options et ses actions gratuites. Dix ans plus tard, cette bataille 2021 représente donc la deuxième manche. La différence avec 2011 est que SEB annonce, ce premier semestre 2021, de très bons résultats.

C’est que la bourse joue, pour les grandes familles d’entrepreneurs, souvent un rôle d’arbitre, pour des sociétés de toutes tailles. Le fabricant parisien de composants électroniques Riber, en 2019, la fonderie savoyarde Tivoly, en 2018, ou encore la grande maison du luxe Hermès, en 2014, quand la bataille avec LVMH divisait la famille. Le flottant est alors spectateur, avec beaucoup moins d’informations que, par exemple, en cas d’attaque par un fond activiste.

Solutions 30, la société qui installe les compteurs Linky, aussi réunit à nouveau ses actionnaires demain 27 juillet. Il ne s’agit pas ici de statuer entre des familles fondatrices divisées, mais de recapitaliser la société. On la pensait tirée d’affaire, vu qu’elle avait obtenu le 30 juin de ses actionnaires l’approbation de ses comptes 2020, malgré le refus de son auditeur EY. Les résolutions ayant trait à la gouvernance de la société étaient passées très justes, mais passées quand même. Las, tout n’avait pas pu être voté. A 49%, le quorum minimum n’était pas atteint pour un vote sur une autorisation d’augmentation de capital. En droit luxembourgeois, il faut réunir au moins 50%, quand la barre est à 25% en droit français. Le parcours du combattant de Solutions 30 n’est pas terminé.

BH

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