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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Le Climat, les bonus et les scores des administrateurs : l’assemblée Totalénergies est emblématique de la saison 2021
Au revoir Total, bonjour Totalénergies. Les actionnaires ont entériné la semaine dernière bien plus qu’un changement de nom : le basculement vers un stratégie « verte ». A 92%, ils ont voté pour la stratégie Climat. Comme pour Atos, comme pour Vinci, ou comme, au-delà de nos frontières, pour Shell, ou Unilever. La crise sanitaire a accéléré la mue des entreprises, et ils applaudissent.

Ils étudient ensuite la rémunération du dirigeant, et là ne sont que 60% à voter pour. Totalénergies loin d’être une exception : 8 autres dirigeants du CAC 40 sont dans le même cas que Patrick Pouyanné. Les sociétés ont adapté les rémunérations à la crise, ont essayé d’expliquer, les investisseurs ne comprennent pas et, dans le doute, votent contre. Didier Truchot, à Ipsos, confronté à la même difficulté, a fait son mea culpa à chaud : « notre explication était trop vague ». Ces malentendus seront levés avec la fin de la crise, nul doute que les sociétés retrouveront les « plus de 90% » dont elles avaient jusqu’ici l’habitude.On en vient à la composition du Conseil d’Administration. Cette année, à Totalénergies comme ailleurs, l’indépendance des administrateurs est au centre des argumentaires. Les investisseurs portent le principe en étendard, et au nom de l’indépendance, votent contre les PDG. Ils exigent des contre-pouvoirs. Patrick Pouyanné, malgré son très bon bilan, malgré le fait d’avoir été l’un des premiers à mettre en place une administratrice référente, n’a été réélu qu’à 77%. C’est dommage, mais pas nouveau. Plus surprenants sont les scores très élevés obtenus par des candidats qualifiés d’indépendants, mais en réalité liés à l’entreprise par des mouvements croisés. Cette année 2021, les dirigeants du CAC 40 se font nommer chez un de leurs pairs, et tissent ainsi une ronde. Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo, bientôt président non exécutif, est entré au Conseil de Totalénergie, avec 90% de votes pour. Pour cela, il a démissionné du Conseil de Veolia ; mais il est resté au Conseil de BNP Paribas, et il est toujours, pour un an encore, PDG de ValeoPatrick Pouyanné, qui l’accueille en son Conseil, siège, lui, au Conseil de CapGemini ; Aiman Ezzat, patron de Cap Gemini, vient d’entrer au Conseil d’Air Liquide ; Benoit Potier, PDG d’Air Liquide, est au Conseil de Danone ; Jean-Marc Chéry, président du Directoire de StMicroElectronics, vient lui d’être élu au Conseil de Legrand. Et ainsi de suite. Un PDG qui entre au Conseil d’un autre, c’est un « sparring partner », un œil extérieur, une richesse humaine, mais en aucun cas un représentant des actionnaires du flottant, ni le contre-pouvoir que les investisseurs réclament à grands cris. Et pourtant, ils approuvent très largement ces mouvements circulaires. Un phénomène qui va changer notre façon de fonctionner, à l’échelle de la Place de Paris.
Nous n’avons pas encore tout à fait terminé la saison 2021 – encore une dizaine de jours, et notamment l’assemblée de Saint-Gobain. Les assemblées « hors saison » commencent déjà, elles sont en avance, avec la diversité de leurs sujets, bien plus variés et opérationnels que les assemblées annuelles. LVMH a réuni une assemblée pour voter un rachat d’actions 35% plus cher que celui voté il y a deux mois. Pierre et Vacances convoque ses actionnaires début juillet pour autoriser une prise de garantie. Nous serons là !

Bonne semaine,

BH 

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