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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Quand Larry Fink terrorise le CAC 40

Six sociétés du CAC 40 ont tenu cette semaine  leur assemblée annuelle, et Larry Fink, le tout-puissant patron fondateur de Blackrock, s’est imposé comme arbitre. Il gère officiellement 7 milliards de dollars, et pèse beaucoup plus. Chaque mois de janvier, il donne par écrit ses instructions à un millier de patrons dans le monde. Si on ne l’écoute pas, il passe à l’ « engagement actionnarial », comme en football américain : cela veut dire début du match. Cette année, Blackrock recommande aux entreprises les normes TCFD et SASB, pour suivre la progression vers zéro émission nette. Vous étiez nombreux jeudi 22 avril à participer à notre spécial Climat et Gouvernance, pour faire le point sur le sujet. Daniel Julien à Téléperformance, Antoine Frérot à Veolia, ont choisi d’autres référentiels, et ont fait cette semaine les frais de l’« engagement » de Blackrock, avec un vote de justesse sur leur bonus. Pourtant, les deux sociétés sont mobilisées, chacune dans son genre, dans une démarche écologique impliquante et mesurable. Le plus surprenant est que Larry Fink, depuis New York, a voté contre la rémunération de Daniel Julien sans pointer ce qui choque profondément l’opinion française : un bonus à deux chiffres en millions d’euros pour le dirigeant du centre d’appels, quand les organisations syndicales multiplient les plaintes. Antoine Frérot est tristement mis sur le même plan, avec une rémunération huit fois moindre, un renoncement proactif au tiers de son bonus et des actions sociales permanentes au sein de l’entreprise. Du coup, les autres dirigeants du CAC 40 prennent au sérieux les avertissements de Larry Fink, et vérifient attentivement la liste de leurs actionnaires.

Larry Fink n’est sans doute pas au capital de Renault. Jean Dominique Senard, président, et Luca de Meo, DG, avaient l’air de beaucoup s’amuser, sur une immense scène remplie de belles voitures, avec une bande sonore au rythme digne d’une émission de télé primetime. Las, une des administratrices indépendantes, Miriem Bensalah Chaqroun, la « patronne des patron » marocains, n’obtient son renouvellement de mandat que de justesse. On ne sait pas encore ce qui a posé problème.

Aux assemblées de L’Oréal et Bouygues, l’actualité était le passage de relai. A L’Oréal, Sophie Bellon a rendu, au nom de tous les administrateurs, un hommage à Jean-Paul Agon pour ses quinze années à la tête de l’entreprise. Il ne part pas tout à fait : il reste président, comme Lindsay Owen-Jones avant lui. A Bouygues, Martin Bouygues reste aussi président, et allonge l’âge limite à  85 ans, les actionnaires l’ont voté à la quasi-unanimité. Edward Bouygues, son fils, n’était pas présent. Officiellement, il n’est que DGD.

Pendant ce temps, Vallourec a bouclé sans encombre l’assemblée qui marque la fin de sa restructuration financière. Plastic Omnium a déroulé un sans-faute, après le petit accroc de 2020 concernant la rémunération de Laurent Burelle. Covivio, Gecina, Eiffage, Rexel et bien d’autres ont tenu des assemblées sans histoire.

L’actionnaire digital, devant son écran, a la nostalgie des assemblées « en présentiel ». Une seule a eu lieu cette semaine, Orapi, ETI cotée, spécialiste des nettoyants industriels, dans la vallée d’Oyonnax. Il y avait même des cafés offerts à la fin, à bonne distance sanitaire, mais conviviale. Un rêve bientôt accessible ?

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