Le 8 avril, Vinci donnera le coup d’envoi de la grande série des assemblées générales 2021. Surprise du calendrier : entre jours fériés, ponts et volonté de tourner au plus vite la page de 2020, toutes les assemblées se concentrent sur les mêmes dates. Obligeant l’actionnaire, seul devant son écran, à zapper de l’une à l’autre.

Cette année, aucune société cotée n’essaie, comme en 2020, de reporter ou d’attendre le dernier moment pour fixer sa date, dans l’espoir de pouvoir rencontrer ses actionnaires « en présentiel », comme on dit. Plus des deux tiers ont déjà fixé leur date : 40 en avril, 70 en mai, 40 en juin. Certaines ont d’abord organisé une assemblée physique puis se sont résignées à une visioconférence, comme Vinci ; d’autres, comme Michelin le 18 mai, ont d’ores et déjà opté pour le huis clos – la loi les y autorisent.

Le législateur a imposé la retransmission des assemblées, l’AMF a fortement encouragé l’intéractivité et les questions en direct. Les entreprises se sont mobilisées, jouent le jeu de la technologie, et prévoient des plateformes, des chats, des mails et autres systèmes de dialogue digital.

Mais …qui a pensé au calendrier ? Comment va faire l’actionnaire intéressé par plusieurs assemblées ?  Les données d’EuroNext montrent qu’un actionnaire individuel détient, en moyenne, 6 actions de sociétés cotées à Paris ; et un investisseur institutionnel, plus de 40. Au temps jadis où les assemblées se tenaient dans des lieux physiques, la mécanique de la réservation permettait, de facto, de partager un agenda à l’échelle de la place : on ne pouvait pas réserver le même lieu pour plusieurs AG en même temps. Or, dans le monde du tout-digital, c’est possible. Le jeudi 22 avril, 10 assemblées se tiendront simultanément, dont beaucoup avec de forts enjeux : Veolia, Teleperformance, Kering, Bouygues, Plastic Omnium ; le jeudi 20 mai, entre Ascension et Pentecôte, ce sont 12 assemblées la même journée, dont Cap Gemini, Engie, Worldline. A côté de cela, les lundi ne font pas recette : le 10 mai, le 17 mai, le 7 juin ne comptent qu’une seule assemblée.

Les dirigeants ont fait d’immenses efforts pour mettre en place les moyens technologiques d’un dialogue en direct. Mais, faute de coordination sur le calendrier, ils s’adresseront dans le meilleur des cas à des actionnaires – zappeurs, passant d’un écran à l’autre ; et dans le pire des cas, à des actionnaires qui auront choisi de suivre une AG en direct, les autres en différé. L’année prochaine, promis, on se coordonne.