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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Ce n'est pas 2020 qui nous intéresse

Nous sommes le 22 février et près du tiers des sociétés du CAC 40 ont déjà publié leurs résultats 2020. Que retenir de cette première salve ?

D’abord, que les sociétés communiquent plus tôt que d’habitude. En moyenne, 10 jours plus tôt. C’est une prouesse d’organisation des services conso ; face à la crise, les directions financières ont mis en place des systèmes de remontée des informations financières beaucoup plus rapides. Ce dispositif, conçu à l’origine pour piloter l’urgence, est aujourd’hui conservé pour informer mieux encore les marchés.

Autre remarque : les grandes sociétés vont plutôt bien, du moins celles qui se sont exprimées jusqu’ici. Après la chute brutale au deuxième trimestre, les chiffres d’affaires sont remontés. Au final, sur l’année, la baisse est en moyenne de -3% dans le CAC 40 ; DASSAULT SYSTEMES, L’OREAL, SANOFI ont même vu leurs ventes augmenter. Nos grandes multinationales ont su très vite à la fois ajuster leurs coûts, avec souvent des réductions d’effectifs en France, et se redéployer à l’international, notamment en Chine où l’activité a très vite redémarré.

Les cashflows n’ont jamais été aussi élevés, sous l’effet conjugué des plans de réductions de coûts et des opérations de financement opérées par les sociétés au printemps 2020, en prévision d’une éventuelle crise financière. Conséquence : les mesures de crise sont levées. Le dividende est de retour, pour toutes ; mêmes celles qui sont, en 2020, déficitaires. Les banques, qui sont contraintes par la BCE de limiter le dividende, s’engagent sur un versement additionnel au second semestre, ou à des rachats d’actions, autre façon de rémunérer l’actionnaire. Pour certaines, comme PUBLICIS ou PIERRE & VACANCES, les baisses de rémunération consenties pendant la crise par les dirigeants, et quelquefois plus largement les managers, sont remboursées.

Surtout, les sociétés font de ce rendez-vous financier un point d’étape stratégique. La projection vers le futur prend le pas sur le commentaire de 2020. A BNP Paribas, Jean Laurent Bonnafé va même jusqu’à dire: « ce n’est pas 2020 qui nous intéresse ». La crise sanitaire a bousculé les équilibres, parfois pour le meilleur. Accélération de la digitalisation, prise en compte des enjeux climatiques, mise sur le marché de nouvelles offres, comme AMUNDI TECHNOLOGY, focus sur les géographies en forte croissance, comme l’Asie, … TOTAL fait suivre sa présentation financière de deux exposés sur son engagement pour le changement climatique, PUBLICIS présente sa stratégie moyen terme, L’OREAL aussi, et bien d’autres.

Les salariés sont les grands absents de ces publications de résultats. Alors qu’ils étaient au centre des attentions lors des résultats semestriels en juillet 2020, ils sont passés à l’arrière plan. Seuls Patrick Pouyanné, à TOTAL, et Benoit Potier à AIR LIQUIDE, les citent, et en premier. TOTAL pour rappeler que la sécurité et la santé des salariés est la priorité du groupe ; AIR LIQUIDE pour réaffirmer son engagement en faveur de l’emploi, surtout l’emplois des jeunes.

La bourse, de façon surprenante, reste cette année impassible. Le CAC 40, en deux semaines, a pris à peine 2%. Les bonnes nouvelles avaient déjà été anticipées. Cette semaine va voir la suite des publications, celles de l’autre moitié du CAC 40, et celles de sociétés plus petites, peut-être moins internationalisées. Ont-elles été plus touchées ?

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