Ce début d’année 2021 est paradoxal : les mêmes entreprises, simultanément, donnent des signaux de défiance extrême, et posent des actes prouvant leur solide confiance en l’avenir. Comment gérer cette dichotomie ?
Les entreprises sont mises sous tension par la troisième vague de crise sanitaire – qui s’ajoute à la situation géopolitique.Quel sera l’impact des reconfinements, déjà en cours dans certains pays, anticipés dans d’autres – comme la France ? Qui votera à leurs assemblées générales dans quelques semaines ? Où seront alors les capitaux britanniques et américains ? Que vont faire les asiatiques et les moyen-orientaux ? L’euro est-il pour eux aujourd’hui zone-refuge ou zone à risque ? Le risque est que ces investisseurs internationaux, concentrés sur les questions géopolitiques, s’en remettent pour voter aux recommandations des « proxy », ces agences de recommandation de vote que les entreprises ont, ces dernières années, souvent mis en cause, préférant un dialogue avec leurs actionnaires.
Elles s’inquiètent, aussi, de la recrudescence de l’activisme en France. Il fait maintenant partie du paysage. Comment y faire face ? Est-il souhaitable, à long terme, de faire jouer une décision d’Etat pour se protéger d’un ennemi privé ? quelle sera la contrepartie, en termes de gouvernance ?
Malgré tous ces motifs d’inquiétude, les entreprises affichent leur confiance. Le dividende, nerf de la relation avec les actionnaires, reprend des couleurs. Souvenons-nous, en 2020, sous pression de l’opinion publique et de l’Etat justement, près des trois quart (74%) des entreprises avaient suspendu le versement du dividende. Elles ont été nombreuses à verser un acompte au 4ème trimestre 2020, constatant la reprise, parfois avec une croissance à deux chiffres comme celles qui sont bien implantées en Asie. Signe de bonne santé financière, une excellente nouvelle donc.
Reste à savoir comment les assemblées d’actionnaires vont se positionner. Ces versements arrivent en France en pleine crise sociale. Comment les actionnaires vont-ils arbitrer ? On la vu au printemps 2020, les actionnaires ont aussi le pouvoir, s’ils sont trop inquiets, de réviser ce dividende à la baisse, au moment du vote. Le printemps 2021 va nous le dire.