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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Activisme : pas de trêve malgré la crise sanitaire

En pleine crise Covid-19, la pression des actionnaires sur les sociétés augmente. Tout part peut-être d’une bonne intention : chaque « partie prenante » a son idée sur la sortie de la crise, et la soumet au management, sans hésiter à employer les grands moyens. Cette année est un record de résolutions dites « dissidentes », c’est-à-dire soumises à l’assemblée générale sans l’accord du management. Pas moins de 48 déjà à date, soit près de 4 fois plus qu’en 2019, et deux sujets de gouvernance débattus au Tribunal de Commerce, concernant Suez et Lagardère.

Pourtant, le 18 mars, quand Eliott avait finalement fait la paix avec CapGemini, tout semblait annoncer une « trêve » de l’activisme ce printemps. Le législateur avait aussi pris soin de protéger les entreprises, en instaurant les « AG à huis clos » : l’effet de surprise le jour J est impossible, puisque l’assemblée ne se tient pas physiquement ; les éventuels contestataires doivent agir avant, et à visage découvert. On s’attendait donc à une année 2020 calme au moins sur ce plan là.

Les entreprises se sont, à l’inverse, retrouvées attaquées sur tous les fronts. Point commun entre ces offensives : il s’agit de grands, voire de très grands actionnaires, modérés et engagés sur le long terme. Nous sommes bien loin cette année des initiatives activistes initiées par des fonds spéculatifs.

TCI chez Vinci, un collectif de onze investisseurs traditionnellement modérés chez Total, Amber et Vivendi chez Lagardère, CIAM chez Scor et maintenant chez Suez : jusqu’ici, les actionnaires contestataires avaient obtenu un grand nombre de voix, beaucoup plus que les années précédentes, mais pas assez pour passer la barre et obtenir gain de cause. Au tribunal de commerce non plus : le 14 octobre, le juge rejetait la demande d’Amber et Vivendi de convoquer une nouvelle AG, et le 5 novembre, il confirmait que l’opération d’achat des actions Suez d’Engie par Veolia était « suspendue » (sans expliciter ce que cela signifie exactement, quand les actions ont déjà été cédées et réglées).

Le vent a tourné le 10 novembre : Léon Bressler, Xavier Niel et Susanne Gallardo ont obtenu le rejet du plan du management, et se sont imposés au Conseil, contre l’avis des dirigeants; trois jours plus tard, Léon Bressler a pris la présidence d’un groupe qu’il connaissait bien, pour l’avoir dirigé lui-même la partie Unibail pendant 14 ans. Les medias ont alors titré « la direction sur un siège éjectable ».

Malgré ou peut-être à cause de la crise violente qui nous impacte tous, les actionnaires restent attentifs.

Prenez soin de vous,

B.H.

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