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L’édito de Bénédicte Hautefort

La rémunération des « grands patrons » revient sur le haut de la pile

Les grands investisseurs mondiaux viennent de donner, comme chaque année, leurs priorités pour les assemblées d’actionnaires à venir : c’est la rituelle enquête annuelle de l’agence de recommandation de vote ISS. Le sujet en haut de la pile sera, une fois de plus, la rémunération des dirigeants : comment se sont-ils adaptés à la crise ?

Il y avait, pourtant, bien d’autres sujets. La gouvernance, qui fait grand bruit cet automne à Paris, avec les affaires Suez et Lagardère. Le financement des sociétés frappées par la crise Covid, avec le cas Unibail Westfield Rodamco, et de nombreux autres conflits entre management et actionnaires de référence peu désireux d’être dilués. Le rôle des salariés, désormais très représentés dans les Conseils. La progression des femmes dans les instances dirigeantes, sujet principal du Code Afep MEDEF 2020. La mise en œuvre pratique des douze « Raisons d’Etre » votées en 2019 et 2020 par des entreprises françaises. 

Ces sujets seront abordés, bien sûr. Mais à travers le prisme du sujet n°1 : la rémunération des dirigeants.

Il faut dire que les investisseurs, ce printemps, n’ont pas toujours écoutés. Ils ont dit formellement non à deux entreprises emblématiques, sans obtenir de réponse : Plastic Omnium et Sanofi. L’entreprise du premier « patron » de France, d’une part, et la l’une des premières capitalisations du CAC 40, d’autre part.

Plastic Omnium est pour l’instant toujours silencieuse sur ce sujet; la société, il est vrai, n’est pas formellement obligée de répondre à ses actionnaires, puisqu’il s’agit juridiquement d’une « convention réglementée », Plastic Omnium peut en théorie passer outre le vote négatif. Sauf que la personne concernée est Laurent Burelle, président de l’Afep – si ce n’est au nom de l’obligation juridique, une réponse pourrait-elle être donnée au nom de l’exemplarité ?

Sanofi, de son côté, a publié un communiqué pour préciser que la société respectera la loi : elle ne versera pas à Olivier Brandicourt, le directeur général sortant, le bonus de 1, 1 millions d’euros refusé par les actionnaires. En revanche, aucune référence n’est faite aux 63 millions d’actions que l’ancien directeur général va conserver, en contradiction avec les conditions votées, ni à la retraite-chapeau de 530 000 euros par an, elle aussi rejetée par les actionnaires. La loi n’oblige pas formellement Sanofi à respecter ces votes, Olivier Brandicourt conservera donc ses avantages.

Il est bien compréhensible, dans ce contexte, que les investisseurs augmentent la pression.

Au printemps 2020, dans un élan altruiste, nombreux ont été les dirigeants qui ont souhaité renoncer à une partie de leur rémunération – plusieurs chiffres ont été avancés, suivant les entreprises. Certains dirigeants ont réduit leur rémunération fixe, de 20 à 25% ; d’autre, leur rémunération variable ; d’autres ont recalé les objectifs de leur rémunération variable pour coller avec la révision budgétaire – parfois en convoquant une assemblée spécifique, comme Bouygues par exemple. L’ensemble de ces mesures a été pris dans l’émotion et l’esprit de communion d’une guerre qu’on pensait brève – au mois de juin, la plupart des entreprises annonçaient déjà un rebond. Las, nous sommes à présent en octobre, et la crise s’annonce longue. Le climat du dialogue actionnarial s’est détérioré, et les investisseurs exigent à présent davantage de transparence.

Les sociétés remettent à plat leurs stratégies, leurs structures de coûts, leurs positions géographiques. Les schemas de rémunération vont, eux aussi, devoir être revisités.

Il y avait, pourtant, bien d’autres sujets. La gouvernance, qui fait grand bruit cet automne à Paris, avec les affaires Suez et Lagardère. Le financement des sociétés frappées par la crise Covid, avec le cas Unibail Westfield Rodamco, et de nombreux autres conflits entre management et actionnaires de référence peu désireux d’être dilués. Le rôle des salariés, désormais très représentés dans les Conseils. La progression des femmes dans les instances dirigeantes, sujet principal du Code Afep MEDEF 2020. La mise en œuvre pratique des douze « Raisons d’Etre » votées en 2019 et 2020 par des entreprises françaises. 

Ces sujets seront abordés, bien sûr. Mais à travers le prisme du sujet n°1 : la rémunération des dirigeants.

Il faut dire que les investisseurs, ce printemps, n’ont pas toujours écoutés. Ils ont dit formellement non à deux entreprises emblématiques, sans obtenir de réponse : Plastic Omnium et Sanofi. L’entreprise du premier « patron » de France, d’une part, et la l’une des premières capitalisations du CAC 40, d’autre part.

Plastic Omnium est pour l’instant toujours silencieuse sur ce sujet; la société, il est vrai, n’est pas formellement obligée de répondre à ses actionnaires, puisqu’il s’agit juridiquement d’une « convention réglementée », Plastic Omnium peut en théorie passer outre le vote négatif. Sauf que la personne concernée est Laurent Burelle, président de l’Afep – si ce n’est au nom de l’obligation juridique, une réponse pourrait-elle être donnée au nom de l’exemplarité ?

Sanofi, de son côté, a publié un communiqué pour préciser que la société respectera la loi : elle ne versera pas à Olivier Brandicourt, le directeur général sortant, le bonus de 1, 1 millions d’euros refusé par les actionnaires. En revanche, aucune référence n’est faite aux 63 millions d’actions que l’ancien directeur général va conserver, en contradiction avec les conditions votées, ni à la retraite-chapeau de 530 000 euros par an, elle aussi rejetée par les actionnaires. La loi n’oblige pas formellement Sanofi à respecter ces votes, Olivier Brandicourt conservera donc ses avantages.

Il est bien compréhensible, dans ce contexte, que les investisseurs augmentent la pression.

Au printemps 2020, dans un élan altruiste, nombreux ont été les dirigeants qui ont souhaité renoncer à une partie de leur rémunération – plusieurs chiffres ont été avancés, suivant les entreprises. Certains dirigeants ont réduit leur rémunération fixe, de 20 à 25% ; d’autre, leur rémunération variable ; d’autres ont recalé les objectifs de leur rémunération variable pour coller avec la révision budgétaire – parfois en convoquant une assemblée spécifique, comme Bouygues par exemple. L’ensemble de ces mesures a été pris dans l’émotion et l’esprit de communion d’une guerre qu’on pensait brève – au mois de juin, la plupart des entreprises annonçaient déjà un rebond. Las, nous sommes à présent en octobre, et la crise s’annonce longue. Le climat du dialogue actionnarial s’est détérioré, et les investisseurs exigent à présent davantage de transparence.

Les sociétés remettent à plat leurs stratégies, leurs structures de coûts, leurs positions géographiques. Les schemas de rémunération vont, eux aussi, devoir être revisités.

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