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La seule qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous des sociétés cotées : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

La veille de l'HebdodesAG

La seule veille qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous de 700 sociétés cotées en France et à l'étranger : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

L'invité(e) est :

Erik Maris, Messier Maris & Associés

Messier Maris & Associés

Avant de créer Messier Maris & Associés, Erik a passé 19 ans chez Lazard, où il a occupé plusieurs postes, le dernier étant co-responsable et associé commandité de Lazard Frères.

Il a débuté sa carrière chez Morgan Stanley à Londres et à New York après avoir été diplômé d’HEC.

Messier Maris & Associés

est une banque d’investissement proposant des services de conseil stratégique sur mesure en matière de fusions et acquisitions, de restructurations d’entreprises, de privatisations et d’opérations de capital-investissement. Située à Paris, New-York et Londres, Messier Maris & Associés a été créé fin 2010 par Jean-Marie Messier et Erik Maris.

Une équipe de 50 professionnels internationaux et cinq associés répartis entre Paris, New York et Londres, Messier Maris & Associés, est devenue l’une des sociétés de conseil en fusions et acquisitions les plus dynamiques parmi les banques d’investissement établies. Forte de son esprit d’entreprise, son équipe de haut niveau s’appuie sur l’expérience et les relations internationales de ses partenaires pour conseiller et exécuter les transactions.

En février 2015, Messier Maris & Associés a signé un accord de joint-venture avec Millstein & Co., cabinet de conseil financier composé de 40 professionnels à New York et à Washington DC. Fondée par Jim Millstein, ancien chef de la restructuration au département américain du Trésor, Millstein & Co. fournit des conseils indépendants aux sociétés privées, aux investisseurs institutionnels et aux clients gouvernementaux impliqués dans des fusions et acquisitions et des restructurations.

 

  • Nous sommes dans une situation assez paradoxale où d’un côté les rumeurs d’OPA en gestation touchent autant de sociétés que les années précédentes, mais les opérations identifiées au final sur le site de l’AMF sont deux fois moins nombreuses cette année – comment l’expliquez-vous ?

 

Notre banque a la chance d’intervenir les deux OPA significatives qui sont en train de se clôturer : Naturex et Thalès. Sur Naturex, nous représentons les actionnaires dans l’opération avec Givaudan ; sur Thalès, nous représentons Gemalto. Mais il est vrai que les OPA sont moins nombreuses.

Plusieurs explications. D’abord, le marché du M&A, de manière générale, est en baisse de 20 à  30% en Europe aux Etats-Unis : le corollaire c’est que les OPA, qui font partie de ce marché, subissent à  peu près le même retrait.

Autre facteur : je pense qu’il y a aussi une raréfaction des sociétés cotées. De plus en plus de sociétés ne veulent pas entrer en bourse ou rêvent d’en sortir. Je lisais récemment une étude pointant le fait qu’il y avait deux fois moins de sociétés cotées à New-York en 2017 que vingt ans plus tôt[1]. Après avoir atteint un sommet en 1997 autour de 7500, le nombre de sociétés cotées aux États-Unis à la Bourse de New York et au NASDAQ est tombé à environ 3600 en 2017. Mathématiquement, mécaniquement, il y moins d’OPA qui les concernent.

Un monde s’est développé à  côté des sociétés cotées, qui n’existait pas il y a quelques années : le private equity. Il représente aujourd’hui une part de plus en plus importante des financements – je sais pas si c’est un tiers ou la moitié, c’est un chiffre de cette ampleur. Il y a beaucoup de capitaux disponibles qui permettent d’accompagner les entreprises, avec une souplesse et une facilité d’investissement, des conditions pour les managers qui sont souvent souvent plus attrayantes que celles de la bourse qui est devenue extrêmement compliquée, avec beaucoup de réglementation et un petit côté voyeurisme. L’obligation d’afficher les résultats tous les trimestres pour les sociétés américaines est vécue comme une contrainte ; comme les campagnes de vente à découvert alimentées par des études et des analyses plus ou moins bien intentionnées auxquelles sont confrontées certaines de nos sociétés comme Casino, Ingenico et quelques autres. C’est très dur d’être confronté à cela tout en continuant à gérer une société sur le long terme.

Un dernier facteur est le fait que le marché français s’est consolidé ; les poids lourds du CAC 40 sont devenus des champions nationaux, mondiaux pour certains d’entre eux, les rendant difficilement OPA-bles.

En revanche, regardez les groupes français à l’étranger : ils sont à l’origine de nombreuses OPA, sur des marchés plus petits et pas encore consolidés – comme mes amis d’Eramet en Europe et en Australie.

 

  • Les environnements Bruxelles / autorités de concurrence / etc semblent avoir un poids croissant, comment expliquer une telle activité réglementaire sur un sujet en perte de vitesse ?

 

D’abord parce que quand il y a une OPA, c’est souvent assez visible, public par construction, cela dure  longtemps parce que les calendriers d’OPA sont assez longs, cela touche souvent des entreprises qui sont emblématiques, captant l’attention du pouvoir politique.

Le dynamisme du législateur est aussi du au fait que le fonctionnement des marchés financiers est lui beaucoup plus compliqué, avec beaucoup d’instruments et de manières d’intervenir : la réglementation est obligée de se complexifier, le législateur doit adapter la loi et les règlements aux nouvelles pratiques, et à les harmoniser au niveau européen et au niveau mondial.

Quand j’ai commencé, les réglementations boursières dans les différents pays n’avaient rien à voir, comme la manière de déclencher puis de dérouler une OPA. Aujourd’hui il y a une vraie uniformisation.

 

  • Pour conclure, en tant que banquier, pour vous d’un point plus générale, quand vos clients viennent vous voir pour des questions de prise de contrôle, quels sont les pour et les contre d’une une opération aussi lourde qu’une OPA par rapport à  d’autres solutions de prise de contrôle ?

 

A partir du moment où la volonté d’acquérir une société cotée a maturé, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions que l’OPA. Les prises de contrôle rampant qui ont existé en France ou ailleurs il y a quelques années sont devenues de plus en plus difficiles, du fait de la réglementation, même à  peu près impossible ou très compliquées à mettre en œuvre. Surtout, elles ne répondent pas à un projet industriel. Elles répondent à une logique purement financière. Les entreprises qui ont des projets industriels et veulent se développer dans une géographie ou une nouvelle branche de l’industrie pour compléter leurs offres produits veulent être propriétaires de l’actif qu’ils visent ; et pour cela il n’y a pas d’autre solution que de lancer une OPA, autant que possible de 100% du capital. Ce n’est pas un processus extraordinairement compliqué. C’est très réglementé, très normé, chacun sait ce qu’il a à  faire.

 

Voir : https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/linexorable-d%C3%A9clin-du-nombre-de-soci%C3%A9t%C3%A9s-cot%C3%A9es-aux-etats-unis

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