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Enquête : les sociétés familiales

Les sociétés familiales ont-elles des relations différentes avec leurs actionnaires ?

Pour cette étude, nous définissons une société familiale comme une entreprise du SBF 120 ayant une famille pour premier actionnaire, ou parmi les actionnaires de référence, ou parmi les actionnaires fondateurs.

Points-clés :
Un tiers (seulement) des entreprises du SBF 120 comptent une famille parmi les actionnaires principaux
Ce qui les démarque des autres :
Les résolutions sont votées à de plus faibles majorités, mais rarement rejetées Les actionnaires présents en assemblée posent davantage de questions que les autres sur la finance
Les Conseils des sociétés familiales sont moins féminisés
Aucune société familiale n’a présenté en assemblée sa stratégie digitale
Ce sur quoi les sociétés familiales se comportent comme les autres:
Sur le vote concernant la rémunération des dirigeants, les sociétés « familiales » se comportent comme les autres Elles suivent également la tendance générale de réduction du temps accordé en assemblée à la RSE

1. Un tiers (seulement) des entreprises du SBF 120 comptent- une famille parmi les actionnaires principaux

2. Les résolutions sont votées à de plus faibles majorités, mais rarement rejetées

CHIFFRES CLÉS

La contestation est plus vive dans les sociétés à actionnariat de référence familial

Notre analyse

Les rejets de résolution sont très rares.

Aucun rejet dans les sociétés du CAC40 familliales, 0,82% de résolutions rejetées dans les sociétés familiales du SBF 120.

Quorums élevés, légitimant le résultat des votes

NB. Pour mémoire, le quorum est la part de capital ayant participé au vote, et non la part de droits de vote : la loi Florange et les droits de vote doubles n’ont aucun impact sur ce calcul.

Notre analyse

Le quorum des sociétés familiales est légèrement plus élevé que pour l’ensemble des sociétés du SBF 120, preuve quà la fois les actionnaires de référence familiaux et les actionnaires du flottant participent activement à la démocratie actionnariale.
Dans les sociétés contrôlées par une famille, il est très rare de voir des résolutions rejetées – la structure du capital l’explique.
Les résolutions sont cependant votées à de plus courtes majorités que dans la moyenne des sociétés, avec des comportements très différents suivant que la famille fondatrice est encore, ou pas, le premier actionnaire.
La contestation des actionnaires du flottant est, en effet, forte dans les sociétés dont la famille fondatrice n’est plus le premier actionnaire, tout en étant encore au capital – 35% de résolutions sont votées à moins de 80%, vs. 7% pour la moyenne du CAC 40, 10% vs. 5% pour le Next 80. Il s’agit, principalement, de mesures anti-OPA.
Le phénomène est inverse lorsque la famille fondatrice est toujours premier actionnaire.
Par ailleurs, les sociétés contrôlées par une famille mais sans que celle-ci soit l’actionnaire fondateur correspondent à un échantillon trop restreint pour tirer des enseignements, d’autant plus que l’AG de Rémy Cointreau n’a pas encore eu lieu.

3 – Sur le vote concernant la rémunération des dirigeants, les sociétés « familiales » se comportent comme les autres

PAROLES D’ACTIONNAIRES

Pourquoi la rémunération de Monsieur Pélisson dépend en partie des résultats de Bouygues et non pas des résultats de TF1 ? (TF1)
Quel est le ratio d’équité ? (L’Oréal)
Vous ne donnez aucun élément sur le nombre d’actions que vous détenez. Qu’en est-il ? (Vinci)
La rémunération de Carlos Tavares est de 4,7 millions d’euros : pouvez-vous nous donner la composition de cette rémunération ? (Peugeot)
Pouvez-vous détailler les résolutions concernant les rémunérations des dirigeants ? (Iliad)
Pouvez-vous expliquer la multiplication par 2,4 de votre salaire en l’espace d’un an ? (Elior)

Notre analyse

Le seul sujet sur lequel les actionnaires des sociétés familiales se comportent différemment de la moyenne est celui des retraites (score moyen 83% d’approbation vs. 90% sur l’ensemble)

Les contestations restent focalisées sur un petit nombre d’entreprises.
Aucune résolution « dissidente » n’a été présentée cette année alors que le total se porte à 5 dans l’ensemble du SBF 120.

4 – Les Conseils des sociétés familiales sont moins féminisés

CHIFFRES CLÉS

Moyenne sociétés familiales : 40% après les AG 2017
Moyenne SBF 120 : 41 %
Cette moyenne de 40% masque de forts contrastes : après les assemblées 2017, 1/3 des sociétés «familiales» sont en-dessous de la barre des 40% de femmes administrateurs.

PAROLES D’ACTIONNAIRES

Que pensez-vous d’une présence féminine qui viendrait un peu égayer la tribune ? (Hermès)

Taux de féminisation des sociétés familiales

Sur 41 sociétés familiales cotées au SBF 120, 16 sont en-dessous du seuil de 40% de femmes imposé par la Loi Copé-Zimmermann. 7 sociétés comptent moins de 30% à leur Conseil, 9 autres se situent entre 30 et 40%. Elles ont jusqu’à la tenue de leur assemblée générale 2018 pour se mettre en conformité.

Parmi les sociétés familiales, ces contrastes se traduisent par la non-conformité de 7 sociétés avec un taux de féminisation inférieur ou égal à 30%, alors que 9 autres sociétés n’ont atteint qu’un taux compris entre 30 et 40%.
Six ans après l’entrée en vigueur de la loi et à quelques mois du début des sanctions pour ces sociétés, il sera indispensable pour ces dernières de pallier leur déficit de féminisation avant la tenue de leur assemblée générale 2018.

Notre analyse

Le sujet de la féminisation des Conseils d’administration ne semble pas être un sujet pour les actionnaires des sociétés familiales. En effet, seule une remarque a été énoncée chez Hermès : il n’y avait aucune femme présente sur la tribune.

5 – Les sociétés familiales suivent la tendance générale de réduction du temps accordé en assemblée à la RSE

PAROLES D’ACTIONNAIRES

Votre politique de gestion responsable semble en contradiction avec certaines opérations menées dans les plantations de Socfin. Permettez-moi de vous rappeler votre devoir de vigilance. Êtes-vous prêts à reconnaître et assumer vos responsabilités, et organiser une rencontre internationale afin de
reconnaître les droits des populations locales ? (Bolloré)
PETA a révélé les conditions de vie atroces des alligators et crocodiles qui vivaient dans des eaux fétides et où des employés leur enfonçaient des tiges métalliques dans la tête afin de réduire leurs cervelles en bouillie. PETA Etats-Unis a également relevé le mauvais traitement des autruches. Derrière chaque sac Birkin se cache une vie de souffrance et une mort violente. Connaissant toute la souffrance de ces animaux, quand est-ce qu’Hermès va arrêter de se servir des animaux pour ses produits ? (Hermès)
Un article de 60 Millions de Consommateurs rapporte l’utilisation de perturbateurs endocriniens dans les produits L’Oréal, qu’en est-il ? (L’Oréal)

Notre analyse

Depuis 2015, les sociétés familiales ont rattrapé leur retard sur celles du SBF 120, la durée moyenne des exposés RSE. En 2015, il y avait presque deux minutes de différence alors qu’en 2017, l’écart s’est réduit à 5 secondes.

Malgré un élan en 2016, impulsé par la COP21 ayant eu lieu l’année précédente, les sociétés familiales ont suivi la tendance générale du SBF et ont vu leurs exposés RSE diminuer de presque deux minutes.

6 – Aucune société familiale n’a présenté en assemblée sa stratégie digitale

CHIFFRES CLÉS

PAROLES D’ACTIONNAIRES

Stratégie digitale de le l’entreprise

Êtes-vous prêts à donner à Bureau Veritas des moyens financiers plus permanents afin qu’il devienne le certificateur de la sécurité des objets connectés ? (Wendel)
Le Cloud ne s’impose-t-il pas à la place des logiciels ? (Dassault Systèmes)
Pouvez-vous en dire plus sur vos projets dans le digital ? (Hermès)
Pouvez-vous en dire plus sur vos activités avec Apple sur l’internet des objets ? Je suis un peu sceptique suite à l’effondrement des AppleWatch depuis quelques années. (Hermès)

Utilisation de l’intelligence artificielle

À quel endroit de la chaîne de production utilisez-vous de l’intelligence artificielle ou augmentée? (L’Oréal)
Quid de l’intelligence artificielle dans votre entreprise ? Quelle utilisation en faites-vous ? (Dassault Aviation)
Quel est l’état d’avancée de votre accord avec Microsoft au sujet de l’intelligence artificielle et du big data ? (Publicis)

PAROLES D’ACTIONNAIRES

Cyber-sécurité

En cas d’attaques massives contre les systèmes informatiques du groupe, comment réagiriez-vous ? (Iliad)
Wendel a-t-il pris des mesures particulières susceptibles de relever le niveau de sécurité de ses connexions internes et externes partout où il est installé ? (Wendel)
La cyber-sécurité préoccupe la plupart des entreprises. Iliad a 19 millions d’abonnés et donc un système d’informations important et volumineux. Quel est votre niveau de contrôle sur ces informations ? (Iliad)
Avez-vous renforcé votre cyber-sécurité ? (Dassault Systèmes)
Dans un groupe aussi important, comment est-il possible de se prémunir des cyber attaques et des fraudes au président ? (Bolloré)
Comment vous protégez-vous des cyber-attaques ? (Publicis)
Le 10 mai dernier, une importante attaque informatique a perturbé de nombreux sites clients, dont le vôtre si l’on en croit la presse qui n’est pas toujours bien renseignée. Quelles mesures avez-vous prises ? Avez-vous une assurance cyber ? Avez-vous un Chief Risk Officer ? (Hermès)

Inquiétude sur les conséquences R.H du digital

Quel est l’état de votre réflexion sur la robotisation de l’entreprise, des tâches répétitives et de la destruction des emplois humains ? (Elior)

Notre analyse

Malgré un intérêt des actionnaires (4ème catégorie de questions les plus posées, devant les sujets de gouvernance), aucune société familiale n’a présenté sa stratégie digitale. Il est possible de se demander s’il s’agit d’un déficit réel ou d’un déficit de communication. Cette communication « elliptique » des dirigeants constitue peut-être un élément d’explication de la focalisation des actionnaires sur les menaces représentées par le digital (cyber-sécurité, menace sur l’emploi…), plutôt que sur les nouveaux business model et les opportunités qu’il représente. Les thèmes principaux des questions sont similaires à ceux du SBF 120 à savoir : l’intelligence artificielle, la cyber-sécurité, les conséquences sur l’emploi.

7 – Des actionnaires davantage concernés que les autres par les questions financières

PAROLES D’ACTIONNAIRES

Puisque vous avez été reçu par Donald Trump avant son investiture et par Vladimir Poutine, j’aimerai savoir si vous avez réussi à plaire à l’un des deux ? (LVMH)

Avec 20 000 collaborateurs d’ici 30 ans, comment-allez vous conserver ce lien important que vous entretenez avec eux ? (Hermès)

Notre analyse

Si la composition du capital constitue une composante essentielle de l’explication des scores de vote, la session de Q/A est un moment privilégié de rencontre entre dirigeants et actionnaires, où ces derniers édictent leur propre ordre du jour à partir du contenu de leurs questions. Des différences apparaissent entre les sociétés familiales et l’ensemble du SBF 120.

Tout comme le SBF 120, les actionnaires des sociétés familiales mettent l’accent sur l’intérêt pour l’entreprise (28%) et la stratégie (28%). La part de ces deux catégories serait potentiellement encore plus importante si l’on y ajoutait les questions sur la RSE et le digital.

Ce trio de tête est complété par les questions sur la finance (18%). Cette proportion est plus importante que pour le reste du SBF 120.

A l’opposé les questions sur la rémunération ne font l’objet que de 4,4% des questions, un score deux fois inférieur à celui du SBF 120.

En général, la confiance semble être supérieure dans ces sociétés où la relation actionnaire et la rémunération des dirigeants sont relativement peu questionnées.

 

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