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La seule qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous des sociétés cotées : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

La veille de l'HebdodesAG

La seule veille qui repose sur la présence effective à TOUS les rendez-vous de 700 sociétés cotées en France et à l'étranger : assemblées générales annuelles et extraordinaires, présentations de résultats semestriels et annuels, investor days

L'invité(e) est :

Aurélie Baudhuin

Porte-parole du collectif de 11 investisseurs qui ont proposé l’ajout d’une résolution « Climat » à l’ordre du jour de l’assemblée de Total le 29 mai 2020

Il ne s’agit pas de dissidence ou de confrontation

Que demandez-vous précisément au groupe Total ?
Nous demandons au Groupe Total d’intégrer dans ses statuts une publication de la stratégie définie par son conseil d’administration pour aligner ses activités avec les objectifs des Accords de Paris. Cette demande inclut le scope 3 de son empreinte carbone, c’est-à-dire les émissions indirectes de gaz à effet de serre liées à l’usage des produits vendus.

Soumettre au vote une résolution « Climat » est une première en France; en tant qu’investisseurs, avez-vous co-signé des résolutions sur ce thème dans
d’autres pays ?

Si cette résolution figure à l’ordre du jour de l’assemblée générale, le 29 mai, ce sera effectivement une première en France. Certains investisseurs du groupement que nous représentons ont déjà participé à d’autres résolutions portant sur la stratégie climat de grands groupes pétroliers. Si pour les actionnaires de groupes français, cette pratique n’a pas pu encore aboutir (malgré une tentative en 2011), c’est que la réglementation est très contraignante : nous devons en effet regrouper plus de 0,5% du capital et respecter des procédures administratives complexes.

Vous êtes tous, les co-signataires, des investisseurs de long terme, et diversifiés; que représente pour vous l’investissement « vert » ?
L’investissement vert est un axe important d’engagement pour les acteurs de l’ISR. Des fonds thématiques sont développés afin de financer la transition énergétique, en privilégiant les entreprises qui apportent des solutions concrètes. Les entreprises en transition, dont le modèle économique évolue fortement pour intégrer ces enjeux, peuvent aussi faire partie de certains fonds verts. Nous suivons tous avec attention les évolutions européennes : après la publication d’une « taxonomie » définissant les activités favorables à la transition énergétique, un écolabel européen devrait bientôt être lancé. Les politiques des sociétés de gestion pour favoriser une croissance verte portent aussi sur le dialogue mis en place avec les entreprises dans lesquelles elles investissent. Il s’agit pour nous de faire valoir nos préoccupations auprès des sociétés qui n’ont pas encore suffisamment intégré ces enjeux dans leur stratégie.

Pourquoi avoir choisi la voie d’une résolution dite « dissidente », est-ce que des échanges ont eu lieu en amont avec Total qui n’ont pas abouti ?
Cette initiative est développée dans un esprit très constructif. Il ne s’agit pas de dissidence ou de confrontation : le dépôt de résolution externe est un levier important de la démocratie actionnariale, insuffisamment utilisé en France. Nous sommes en effet en contact avec Total, avec qui nous avons pu échanger avant le dépôt de la résolution. Mais nous pensons que l’entreprise doit aller plus loin, notamment en ce qui concerne le scope 3

On se souvient de l’action spectaculaire de Greenpeace lors de l’assemblée de Total au Palais des Congrès; votre initiative aujourd’hui frappe par le fait qu’aucune ONG ne co-signe cette résolution collective; pourquoi ce choix ?

Il s’agit en effet d’un groupement d’investisseurs. Nous avons souhaité mettre en avant le risque accru de dévalorisation, que nous encourrons en tant qu’actionnaires, si l’entreprise ne prend pas en compte de façon exhaustive l’urgence climatique, en se fixant dès à présent un plan d’actions avec des objectifs chiffrés.

Idéalement, quelle serait pour vous la prochaine étape ?

Nous espérons que Total jugera cette résolution recevable, et qu’elle sera intégrée à l’ordre du jour de l’assemblée générale. Alors, tous les actionnaires du groupe auront l’opportunité de s’exprimer sur cet enjeu, lors du vote.

Aurélie Baudhuin est Directeur de la recherche ISR chez Meeschaert

Elle a rejoint Meeschaert AM en 2006. Elle participe activement à l’analyse de l’ensemble des fonds de la gamme ISR.
Elle a débuté sa formation par l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble et a ensuite obtenu un master 2 d’économie internationale et développement spécialité diagnostic économique à l’Université de Paris Dauphine.

Aurélie Baudhuin est membre du Comité du Label ISR public, qui définit les grandes orientations en matière d’animation de l’ensemble du dispositif et propose des évolutions du cahier des charges du label aux pouvoirs publics. Il veille au bon fonctionnement du processus de labellisation et à son évolution.

Elle est également présidente du réseau Shareholders for Change qui à pour objectif de développer un engagement actif auprès des entreprises européennes, que ce soit lors de leurs assemblées générales (vote, questions écrites et orales), ou lors de rencontres avec leurs dirigeants.

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