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L’Edito de Bénédicte Hautefort

PSOS, SCOR, ATOS, NEXITY, SEB, JP MORGAN, INTEL … Haro cette semaine sur les bonus des dirigeants

Cette semaine, les actionnaires s’en sont pris aux « bonus » des dirigeants.  IPSOS, SCOR, ATOS, NEXITY, SEB, JP MORGAN, INTEL … le hasard du calendrier réunit les contestataires la même semaine. A y regarder de plus près, les cas sont bien différents, comme les ordres de grandeur, et surtout les conséquences du vote des actionnaires. Partout ailleurs qu’en France, c’est consultatif, et finalement, peu écouté.

IPSOS est un cas. Mardi 17 mai, l’assemblée a rejeté la rémunération de Didier Truchot, l’ex-PDG, fondateur de l’institut de sondage. Seulement 42% des actionnaires ont voté pour, en-dessous de la barre des 50%. Didier Truchot n’aura ni bonus, ni « parachute ». Le « package » ne semblait pourtant pas excessif – 438.000 euros de fixe, 346.000 euros de variable et 1,1 million d’euros d’indemnité de cessation des fonctions de PDG. Seul le fixe, voté en 2021, lui sera octroyé.

Une première explication est de bon sens : on ne verse pas d’indemnité de départ à quelqu’un qui change de fonction mais ne s’en va pas. C’est ce qu’avaient dit ISS et Proxinvest.

Une seconde explication est plus complexe : les actionnaires, en s’attaquant à la rémunération, ont voulu s’en prendre à la gouvernance. C’est que la succession de Didier Truchot n’arrive pas à se faire. Nathalie Roos, annoncée en juillet 2021 pour la direction générale, n’est finalement pas venue, au dernier moment.  Ben Page, venu de l’intérieur, a été nommé directeur général. Est-ce qu’il ne convainc pas ? Les cinq sociétés de gestion contestataires proposaient de faire entrer au Conseil Hubert Mathet, vice-président de la Société française des analystes financiers (SFAF). Il obtient 35% de voix pour, ne passe donc pas la barre du 50% minimum requis. L’assemblée D’IPSOS a finalement opté pour le « ni-ni », ni le bonus du dirigeant ni l’entrée d’un contestataire. Une assemblée devrait se réunir à l’automne pour proposer une autre solution au fondateur sortant.

IPSOS n’est pas un cas isolé. Les actionnaires de SCOR, ATOS, NEXITY, SEB ont violemment protesté contre la rémunération de leurs dirigeants – mais sans réussir à l’invalider, différence avec IPSOS. Etait-ce, là aussi, une façon de protester sur la gouvernance ?

Ailleurs qu’en France, les actionnaires se battent aussi, pour les mêmes raisons, mais pas avec les mêmes armes. Leur vote n’est que consultatif, par fois peu écouté.  Il y a eu en début de saison le cas STELLANTIS, de droit néerlandais, proposant une rémunération de 66 millions pour Carlos Tavares ; cette semaine, aux Etats-Unis, les actionnaires de JP MORGAN ont refusé (31% de votes favorables seulement) le bonus de 53 millions de dollars pour Jamie Dimon, dirigeant de la banque, portant sa rémunération 2021 à 87 millions de dollars. Mais ce n’était que consultatif, Jamie Dimon va bien toucher son bonus. De même, à INTEL, les actionnaires se sont exprimés en majorité contre la rémunération du patron du fabricant de puces, Patrick Gelsinger, qui s’est élevée en 2021 à près de 179 millions de dollars. Là aussi, l’avis des actionnaires n’a été que consultatif, donc sans suite.

IPSOS est un cas extrême. Souhaitons que partout ailleurs les actionnaires soient écoutés avant d’en arriver à cette rupture.

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