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La veille de l'Hebdo des AG

L’édito de Bénédicte Hautefort

Le retour des grands parachutes

Sodexo annoncera-t-elle le 14 décembre le nouveau visage de sa Direction Générale ? Sophie Bellon, présidente, assure la direction générale par interim depuis le départ de Denis Machuel, le 27 juillet. Comme ses pairs, Sodexo a opté pour une période d’interim entre Sodexo annoncera-t-elle le 14 décembre le nouveau visage de sa Direction Générale ? Sophie Bellon, présidente, est aussi la direction générale par interim depuis le départ de (espace) Denis Machuel, le 27 juillet. Comme ses pairs, Sodexo a opté pour une période d’interim entre deux directions générales. Et comme ses pairs aussi, Sodexo a accordé un package de sortie très attractif à son dirigeant sortant, officiellement non révoqué mais « poussé vers la sortie ». Peut-être parce que les administrateurs se sentent culpabilisés de préférer ainsi le néant à une personne qu’ils avaient choisie, ils octroient des « packages » très généreux. Près de 6 millions d’euros pour Denis Machuel, le DG directeur général sortant de Sodexo, cela choque à la fois les actionnaires qui n’avaient pas prévu cela, et l’opinion publique qui pensait les parachutes révolus. Un cas qui reflète une pratique croissante mais peut poser problème, à quelques mois de la présidentielle.

Jusqu’à une époque récente, les interims n’arrivaient qu’en cas de disparition brutale du dirigeant : le président de Total Thierry Desmarest est redevenu provisoirement PDG au décès accidentel de Christophe de Margerie en 2014, le temps que Patrick Pouyanné soit nommé ; le président d’Eiffage Jean-François Roverato a repris du service en 2015 au décès accidentel de Michel Berger, jusqu’à la nomination de Benoit de Ruffray. La question de la rémunération du prédécesseur ne se posait évidemment pas.

Air France KLM a changé la donne en mai 2018, recourant pour la première fois au management par interim, pour gérer dans le calme une transition dont le contexte était une difficulté opérationnelle et non un décès. Anne-Marie Couderc a succédé comme présidente à Jean-Marc Janaillac, PDG, démissionnaire suite à un référendum perdu sur la question sociale ; un triumvirat de directeurs généraux par interim a piloté l’entreprise jusqu’à l’arrivée de Benjamin Smith, en août. Observant la réussite de ce processus, Renault a adopté le même schema en 2019 : Clotilde Delbos a été nommée directrice générale par interim, après la révocation de Thierry Bolloré et jusqu’à l’arrivée de Luca de Meo. Engie a continué en 2020, en nommant un tandem de « directeurs généraux par interim », au départ d’Isabelle Kocher ; plus de six mois se sont ensuite écoulés avant l’arrivée de Catherine McGregor. Tout récemment, Atos a annoncé le 20 octobre à la fois la démission de son directeur général Elie Girard, et la nomination de Pierre Barnabé et Adrian Gregory comme co-Directeurs Généraux par intérim jusqu’à la prise de fonction de Rodolphe Belmer, attendu en janvier.

Points communs entre toutes ces transitions : les « packages » des dirigeants sortants sont largement plus favorables que ce qu’avaient prévu les actionnaires, sauf pour Jean-Marc Janaillac bien sûr, du fait du statut d’AirFrance KLM ; et, étonnamment, pour Elie Girard, qui part d’Atos les mains presque vides. 3,3 millions d’euros pour Isabelle Kocher, 6 millions pour Thierry Bolloré, et près de 6 millions pour Denis Machuel. L’ancien directeur général ne touchera aucune indemnité de départ, mais voit sa clause de non-concurrence portée à trois ans, soit 2,7 millions d’euros, et il conservera une part importante de ses actions de performance, valorisées à 2,8 millions d’euros. Les actionnaires minoritaires n’avaient pas prévu cela : ils limitaient la clause de non-concurrence à deux ans, et conditionnaient les actions de performance à la présence dans l’entreprise. On se souvient du tollé médiatique soulevé en 2018 par les conditions de départ du prédécesseur de Denis Machuel, Michel Landel, qui avait bénéficié d’une clause de non-concurrence de … deux ans seulement, pour une somme de 1,7 millions d’euros, trois fois moins que Denis Machuel.

La structure du capital de Sodexo, contrôlé par la famille Bellon, ne laisse pas de suspense sur l’issue du vote. Ce sont les questions des actionnaires et les commentaires des proxy qui vont être intéressants : ils cadreront le débat, pour les mois à venir. Après avoir proscrit les indemnités de départ en 2017, la prochaine présidentielle pourrait bien s’attaquer aux indemnités de non-concurrence.

Bonne semaine,

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