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L'Edito de Bénédicte Hautefort, numéro 137

L’Edito de Bénédicte Hautefort, numéro 137

Comme les citoyens avec leurs élus, les publics financiers sont entrés cette année dans une logique de proximité avec les entreprises.

22 mai 2017. Ce printemps est atypique :
les sociétés qui affichent les meilleures performances financières enregistrent, pour certaines, des revers au moment des votes des actionnaires, et font face à des séances de questions/réponses difficiles. En d’autres termes, les chiffres ne suffisent plus à décrire l’entreprise et son développement.
Une part d’explication est liée à l’évolution des normes comptables. Partant d’une bonne intention de transparence et de mise en comparaison des entreprises, elles deviennent chaque année plus complexes, et rendent la lecture des rapports annuels inaccessible aux non-initiés. Le bilan d’une banque ou d’une compagnie d’assurance est, par exemple, devenu très difficile à lire, répondant à des codes de présentation comptable tout à fait différents de ceux des groupes industriels.
Il y a un autre facteur : la porosité des publics. Parce que toute information est aujourd’hui disponible pour « toutes et tous » instantanément et simultanément, la communication à l’ancienne, en silos, n’existe plus.
En parlant à une personne, l’entreprise doit pouvoir être comprise par tous ses autres publics. On aurait pu craindre un nivellement des discours par le bas ; c’est l’inverse qui s’est produit au cours des 15 dernières années. Les plus techniques des financiers sont aujourd’hui nombreux à prendre le temps de se déplacer sur les sites industriels, visites jusqu’ici plutôt réservées aux actionnaires individuels; les analystes prennent davantage en compte les questions d’actualité, les journalistes sont plus pointus dans leurs questions financières, et surtout, les salariés savent instantanément tout ce qui se dit sur la société, et toutes les prises de parole publiques du dirigeant. A l’heure des alertes sur smartphones, les « revues de presse » filtrées n’existent plus. En parlant aux actionnaires, aux investisseurs internationaux, aux banquiers, aux instances de régulation, le dirigeant doit tenir aussi un discours mobilisateur pour ses propres troupes, parce qu’elles le liront. Et l’interne ne peut se contenter de la transparence des chiffres, il a besoin de moyen terme, de projection, de concret.
Alors, parler d’extra-financier, oui, mais de quoi ? Même si les premières agences de notation « RSE » se sont créées il y a 15 ans, l’ « extra-financier » continue à se définir par la négative, et reste un vaste champ de communication en friche, traitant à la fois de gouvernance, de rémunération, d’actions sociétales, de philantropie, de protection de la planète … C’est une opportunité : les pionniers font la différence.
Cette semaine, Martine Léonard, de la Commission de l’analyse extra-financière de la SFAF, nous explique son approche des analystes, focalisée sur la gouvernance et l’analyse du fonctionnement du Conseil. Notre Enquête de cette semaine, sur le décryptage de deux mois de questions d’actionnaires, confirme ce besoin : les actionnaires veulent connaître leurs dirigeants et leurs administrateurs. Exactement comme ils veulent tout savoir de leurs leaders politiques.
B.H

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